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Les monologues de la marijuana
Les monologues de la marijuanaEn s’inspirant des Monologues du vagin d’Eve Ensler, trois auteurs et comédiens américains (Arj Barker, Tony Camin et Doug Benson) ont choisi de donner la parole à une autre réprouvée par la société : la marijuana.
En tout cas officiellement, officieusement, elle bénéficie d’une vague tolérance et d’un certain flou.
Les puristes, les antidrogues et tous ceux qui espèrent assister à un débat sur le bon usage ou la saine interdiction du pétard ou du joint (pour ne citer que quelques-uns de ses surnoms) peuvent passer leur chemin.
Les Monologues de la marijuana donnent clairement la parole, sur le ton de la comédie et de l’humour, à celle pour laquelle d’emblée l’un des acteurs réclame la dépénalisation.
Le public ne s’y trompe pas, il est venu là pour entendre jeux de mots, calembours, mimes, bouffonneries et autres histoires parfois grivoises.
Et il n’a pas de quoi se plaindre … James Deano, Riton Liebman et Stéphane Fenocchi (dans une mise en scène de Tilly et une pertinente traduction de Xavier Mailleux) mouillent la chemise pour nous faire rire des rites et dérives drolatiques de la vie d’un tafeur.

De la dernière fois que j’étais pété à si la beuh pouvait parler, elle dirait…, les trois compères lui donnent la parole.
Dieu sait qu’elle en a des choses à raconter la bavarde, en plus si c’est des hommes qui s’expriment.
Madame se plaint d’être reniflée par les chiens ou cachée dansLes monologues de la marijuana des endroits immondes.
L’innocente fumette qui se dévoile nature, sans fard et sans clinquant en sachet transparent, enrage d’être un objet d’opprobre et tente de prouver son innocuité, tout en entraînant ses adeptes à se déchaîner sur un air de
Cloclo ou lui dédier des vers enfumés.
Revendicatrice, elle se prétend médicale et thérapeutique, elle demande un traitement universel, elle ne veut plus courir les rues en catimini ni s’échanger à la sauvette.
A-t-elle raison ou tort ? Il n’en est nulle question ici.
Seul prime l’humour.

Remarques incisives, sorties judicieuses, jeux de mots piquants et petites pépites se marient à des anecdotes moins pétillantes, mais loin d’être insipides, pour nous offrir un bon divertissement, un joli moment d’autodérision, sans autre prétention que de faire un clin d’œil impertinent à des spectateurs sans tabou ni complexe, sur un sujet qui reste, depuis des années, sur le devant de l’actualité et qui jamais n’arrive à faire l’unanimité.
Loin de toute tentative moralisatrice, Les Monologues de la marijuana y réussissent pendant 75 min avec toute une salle de spectacle, ce n’est déjà pas mal comme début non ?

Spectacle vu le 26-10-2012
Lieu : Théâtre de Poche

Une critique signée Muriel Hublet

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