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Georges Dandin in Afrika
Georges Dandin in AfrikaEtre né quelque part…
Annoncer d’emblée un spectacle de Molière revisité est souvent un pari risqué.
Les spectateurs sont généralement frileux devant de telles propositions et les concepteurs récoltent une solide volée de critiques des puristes qui vont hurler au massacre, au manque de respect et à de la perte de l’esprit de l’œuvre, etc.

Guy Theunissen avec son Georges Dandin in Afrika balaye allègrement toutes ces idées préconçues.
Mieux, il y insuffle une dimension philosophique, une pertinence et un humour que Molière lui-même aurait apprécié.
Avec un grand respect du texte original, Guy Theunissen nous sensibilise aux cicatrices douloureuses des Africains, tout en amusant.
En créant un spectacle dans un spectacle, il fait de nous les spectateurs privilégiés de la création de la pièce de théâtre, quelque part en Afrique.
Les artistes d’ici et de là-bas se retrouvent confrontés bien involontairement aux blessures, tabous et autres susceptibilités que des années de colonialisme, de protectionnisme ou d’esclavagisme ont gravés dans les cœurs et les esprits.

Dans un décor tout simple, fait de quelques palissades, d’une tringle à vêtement, sur un sol maculé de terre rouge, Guy Theunissen fait alterner subtilement les dialogues de Georges Dandin et les réactions, réflexions et contradictions qui étreignent sa petite troupe.

Pour obtenir un tel résultat, Guy Theunissen (metteur en scène soumis à rude épreuve par ses comédiens et truculent Monsieur de Sottenville) s’est entouré de complices solides et talentueux.
Sophie Jonniaux est la rusée Angélique de Sottenville, qui par son plaidoyer pour le libre-choix du mari rappelle désagréablement que depuis Molière et au vu de l’actualité judiciaire, on n’a guère évolué.
Lumineuse et virevoltante, Babetida Sadjo incarne l’impertinente et piquante Claudine qui mène par le bout du nez Lubin (Étienne Minoungou), le domestiqGeorges Dandin in Afrikaue de Clitandre (Virgile Magniette).
Surprenante et délicieusement ridicule, Patricia Ide surprend en Mme de Sottenville.
Côté comédien, l’agréable surprise vient de François Ebouele.
Son jeu profond, plein de pudeurs et de retenue donne une véritable noblesse à George Dandin, ce paysan bien mal marié à une aristocrate. 

Rires et émotions sont au rendez-vous de ce génial métissage qui brasse Molière et les expressions africaines, qui unit noir et blanc dans l’amour du théâtre, qui expose sans concession l’indifférence, la sensibilité, la susceptibilité et la révolte des uns et des autres.

Spectacle vu le 25-11-2011
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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