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Ceci n’est pas un chanteur belge
Comment qualifier l’inclassable, et d’ailleurs pourquoi vouloir à tout prix lui coller une étiquette ?
Cette pratique, bien dans l’air du temps, risque pourtant d’échouer avec Claude Semal.
Le troubadour et trublion nous revient avec quatorze nouvelles chansons  (dont une partie devrait se retrouver sur le nouvel album annoncé pour septembre 2012).

Avec toute la tendresse d’un père qui répond à la valse des Pourquoi ? de son fils et qui, lucidement, se remet en question et essaye d’éviter les réponses toutes faites ou conventionnelles, le chantre belge nous emporte dans son univers faussement naïf, piqueté d’émotions, de gouaille et de malice, épinglant nos contrastes à la manière de Magritte, avec humour et surréalisme. 
De nos querelles belgo-belges et de notre perte-quête identitaire (Chez Nous, La bite philanthropique) à quelques-unes de nos plus truculentes belgitudes comme La patate ou On a la frite, il égratigne aussi nos travers, nos égarements et autres volontaires aveuglements : Facebook, Botox Song, Les maladies nosocomiales, Les éclopés de la clope).
Toujours engagé, révolté par les injustices de ce monde et les diverses récupérations politiques que l’on peut bien en faire Guy Môquet et, Dormir au chaud seront deux de ses coups de gueule.
Claude Semal entrecoupe le tout d’apartés avec le public ou de sketches.
Ce nouvel opus, le dixième est pourtant un peu différent, il est aussi celui des confidences, celles d’un père à son fils (présent sur scène sous la forme d’un œuf).  Cette complicité, cette affection, ce besoin de partager, donnent au spectacle une dimension plus poétique comme attendrissante de voir un papa désarmé devant son rejeton, mais aussi délicieusement ironique quand on perçoit cet attachement inconditionnel mêlé d’une dose d’exaspération d’être obligé de se remettre en question à cause d’un petit bout de 4 ans.
Au propre comme au figuré, Claude Semal mouille sa chemise pour amuser et faire rire, mais aussi faire grincer des dents et réfléchir, un peu comme une piqûre de rappel qu’on se devrait d’avoir un peu plus régulièrement. 
Il s’applique avec beaucoup de justesse le principe qu’il veut transmettre à son fils : Fais ce que tu crois juste et fous toi du reste et que peut-être nous devrions aussi mettre en application.

Spectacle vu le 10-08-2012
Lieu : Festival Royal de Spa (Salon Gris)

Une critique signée Muriel Hublet

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