Serge Demoulin plonge dans ses racines malmédiennes pour nous faire découvrir et partager bien plus qu’une contrée verdoyante, un esprit festif, le Cwarmê (carnaval) ou le péket aux myrtilles.
Combien d’entre nous, aujourd’hui, ont une vague idée de ce qui s’est passé dans les Cantons de l'Est pendant la Seconde Guerre Mondiale ?
Qui sait encore pourquoi certains y parlent allemand ?
Qui se souvient du chassé-croisé d’annexions et d’incorporations qui, sorte de ping-pong inhumain, n’a cessé de changer le statut et la nationalité des citoyens, faisant d’un voisin d’aujourd'hui l’ennemi de demain, obligeant un frère ou un oncle à se battre et à mourir pour un pays dont parfois il ne comprend même pas la langue.
Tant d’années plus tard, une fois éteints le bruit des canons, le claquement des bottes et les tirs de mitraillettes, tout a-t-il été effacé, gommé, oublié ?
Entre introspection, autobiographie, solide piqûre de rappel, humour, dérision, tendresse et profondeur, Serge Demoulin nous emmène dans ses Fagnes natales, entre sentiers et poternes, entre soir de fête et matin de détresse, entre romance et tristement cruelle réalité.
Seul en scène, il s’est écrit et joue, dans une mise en scène de Michaël Delaunoy, un texte très personnel, en apparence tout à fait décousu et pourtant d’une efficacité redoutable, alternant émotion et fantaisie, éclats de rire et gorges serrées. Sans excès, avec justesse, générosité et fougue, Serge Demoulin nous offre une thématique profonde, un travail remarquable et prestation époustouflante qui font de ce spectacle un des musts de la saison.
Spectacle vu le 13-03-2012
Lieu :
Atelier 210
Une critique signée
Muriel Hublet
Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF