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Désordre Public
Dans notre monde TGV, on n’a plus le temps de s’extasier sur la moindre fleur ou d’admirer le vol d’un papillon et encore moins d’être à l’écoute des autres. Par contraste et pour mieux nous sensibiliser au repli frileux qui est la tendance moderne de notre société, Evelyne de la Chenelière fait de Max, son personnage principal, quelqu’un capable de percevoir les pensées de son entourage.
L’auteure québécoise a imaginé, pour souligner la détresse et l’isolement de son héros, une série de courtes scènes le mettant dans des situations volontairement familières, mais totalement décalées.
Tourneboulé par cet afflux de stimuli, de confidences dérangeantes, d’intrusion dans son petit confort d’acteur raté et égoïste, Max va petit à petit apprendre à entendre, puis à écouter avant enfin de comprendre.
Le spectateur est un peu comme Max, il est tiraillé d’une image à l’autre, emporté d’une saynète à l’autre par une troupe de jeunes comédiens survitaminés (Benjamin Boutboul, Sophie Jonniaux, Virgile Magniette, Mirabelle Santkin et Emilienne Tempels).
Ils bondissent, dansent, chantent, miment, jouent, manipulent les quelques accessoires du décor, changent de tenues à vue…
Le fil du récit est donc ténu et parfois très dilué dans ces séquences dont le sens est souvent bien loin de sauter aux yeux.
Même si certaines significations nous échappent, on reste appréciateur de l’investissement de ces jeunes interprètes, de leur dynamisme et de leur complicité généreuse.
Acteur, metteur en scène et pivot central en la personne de Max, Olivier Coyette en paraît presque éteint et amorphe en comparaison.
Cette distanciation est-elle voulue ?
Est-elle le fait de la difficulté de se mettre en scène, de n’avoir donc pas le même regard sur sa prestation que sur celle des autres ?
Difficile à dire, chacun se fera sa propre opinion.
On préférera épingler le jeune surdoué de Sophie Jonniaux, Pauline, la demoiselle en mal d’amour de Mirabelle Santkin, la voisine complexée d’Emilienne Tempels,  l’amoureux d’une star de la TV de Virgile Magniette ou les nombreuses maladresses clownesques de Benjamin Boutboul.

Pièce chorale, Désordre public se veut une série de clichés de notre époque, d’instantanés de vie soigneusement choisis, mais laisse derrière lui une impression de malaise ou d’inachevé.
On pourrait le comparer à une armoire en kit.
Quand tout est vissé ou cloué, une fois le meuble solide et bien stable, il reste quelques éléments épars qu’on ne sait où placer.
Et … inévitablement, on se tracasse, on vérifie le plan et … on ne trouve aucune explication à ces vis surnuméraires.
Mais peut-être est-ce là le message à retirer de Désordre public : Arrêtez de vivre en vase clos, arrêtez de vous triturer les méninges, vivez tout simplement.

Spectacle vu le 20-09-2011
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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