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Marie Tudor
Marie TudorMarie Tudor, femme et reine, oscillant entre force et fragilité, entre passion et désespoir, entre amour et jalousie, entre raison d'État et élans du cœur, c’est le drame que Victor Hugo a concocté avec une verve et un lyrisme poétique incroyable.
Mais aujourd’hui, monter un pareil beau texte, un spectacle de près de deux heures n’est-ce pas une gageure, la certitude de voir fuir en courant un public frileux, voire récalcitrant à l’idée du mot classique ?
La troupe du Théâtre Jardin Passion s’en est emparée avec beaucoup d’audace et de respect.
Décors, costumes, masques, maquillages, musiques tout a été étudié avec minutie pour recréer Londres, son brouillard, la Tamise, les sombres geôles, la salle du trône, etc.
Mieux, de petits zestes d’humour ou de superbes innovations se sont rajoutés parsemant le drame hugolien, accentuant son relief, amplifiant l’ampleur des sentiments, renforçant la détresse d’un regard, la douleur d’un geste, le désespoir d’un soupir.
Le thriller politico-romantique se drape d’une aura de fantastique, d’une dose d’inquiétant, de visuels flamboyants qui font couler l’histoire de manière aussi limpide que l’eau qui fait partie du dispositif scénique.

Car c’est peut-être là une des plus géniales trouvailles du spectacle, fuite en bateau, corps jeté dans les flots, bagarres, brouillard au bord du quai, permettent non seulement d’instiller à la pièce des moments originaux, des scènes surprenantes ou rafraîchissantes, mais donnent, grâce aux jeux de lumière, une majesté, une puissance incroyable à certaines d’entre elles ou une légèreté aux longues tirades (les spectateurs ayant l’œil attirés sur la gestuelle des acteurs ou le somptueux éclairage du décor). 
Marie Tudor
Les costumes de Justine Drabs, entre punk et Machiavel, entre latex et dentelles, les maquillages de Sophie Carlier renforçant la part sombre de chacun et sa scénographie simple, en apparence, mais fruit d’une solide imagination et ingéniosité, la mise en scène de Marc Weiss, les lumières de Nicolas Thill, les musiques composées et jouées en live par Lucka et le travail des six comédiens (Marie-Noëlle Hébrant (sidérante Marie la sanglante, la despotique, la femme flouée et désabusée), Maud Lefèbvre, Sébastien Hébrant (époustouflant Fabiani), Antoni Lo Presti, Geoffrey Seron, Arnaud Crèvecoeur) tout concourt à faire de Marie Tudor une intrigue captivante, une fantasmagorie au grotesque assumé et jamais excessif, un spectacle jouissif qu’on espère voir tourner sur nos planches très rapidement.

Spectacle vu le 20-08-2012
Lieu : Festival Bruxellons

Une critique signée Muriel Hublet

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