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Léonie est en Avance
Feydeau, roi du vaudeville et des portes qui claquent, nous a pourtant concocté quelques courtes pièces plus pointues et cyniques.
Il y croque férocement les travers du couple en oubliant son sempiternel triangle épouse, mari, amant (ou maîtresse).
Dans ces farces, l’humour de situation cède un tantinet la place aux propos caustiques, aux querelles imbéciles, aux égoïsmes étouffants et aux particularités d’un vocabulaire volontairement technique quasi pédant.
La crise conjugale bat son plein dans l’appartement des Toudou.
Madame va accoucher, elle ressent déjà les premières douleurs.
Elle fait littéralement tourner son mari en bourrique.

Pour ajouter à sa détresse morale, ses beaux-parents, des nobliaux snobinards qui l’apprécient bien peu, débarquent pour reprocher à leur gendre cette grossesse annoncée quasi immédiatement après le mariage et cette naissance prématurée qui vont à l’encontre des bienséants neufs mois de rigueur et qui seront de véritables tâches sur leur blason doré.

Impossible de résister aux mines pitoyables du pauvre mari (Frédéric Genovese), roulé dans la farine par son épouse (Céline Robaert), manipulé par la sage-femme (Françoise Licour), rabroué par sa belle-mère (Norma Bozzolan) et ridiculisé par son beau-père (Gérard Duquet).
Même la soubrette (Marie-Pierre Verryt) lui donne du fil à retordre.

Gentiment amplifié, sans jamais tomber dans le surjeu, le spectacle est malicieux et plein d’esprit.  Il fait rire de quiproquos délicieusement révélateurs de nos petites (et grandes) mesquineries.
La mise en scène de Marie-Françoise Favay, précise et attentive, a tiré de chaque comédien le meilleur.
Ainsi, hésitant, quasi timoré, véritable portrait d’homme battu,  Frédéric Genovese fait presque pitié.
En tyrannique accoucheuse et autoritaire aguicheuse, Françoise Licour fait merveille, tandis que Gérard Duquet, l’œil pétillant et la voix haute perchée, est impayable.
Si Léonie est en avance épingle, comme toujours chez Feydeau, la bourgeoisie, cette fois le portrait des femmes est particulièrement noirci et les fait apparaître comme de cruelles mesquines voire de vraies viragos.
Drôle et gentiment bouffon, cet accouchement devient un jouissif foutoir.

Spectacle vu le 02-07-2011
Lieu :

Une critique signée Muriel Hublet

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