Logo
Les Misérables
Les Misérables En film, en téléfilm, en comédie musicale ou en œuvre littéraire, personne n’ignore Les Misérables de Victor Hugo.
Jean Gabin, Lino Ventura, Gérard Depardieu, Robert Hossein, Claude Lelouch, Jean-Paul Belmondo et bien d’autres se sont frottés avec plus ou moins de bonheur et d’honneurs à ce classique hugolien.
En 1861, Victor Hugo terminait l’écriture de son célèbre roman sur le site de Waterloo.
Cent cinquante ans plus tard, Patrick de Longrée et Stephen Shank commémorent cet anniversaire en réadaptant (après Villers 2002)  la saga au théâtre et en lui offrant comme décor, rien de moins que la Butte de Waterloo et figurant de prestige, le célèbre lion de fonte.

Les deux hommes ont adapté le récit, l’ont condensé, ramassé dans une douzaine de tableaux.
Leur travail de fourmis a pour résultat une fresque somptueuse et soucieuse du moindre détail.
Si chaque scène nous permet de vivre l’évolution psychologique des différents protagonistes, la dimension sociale, épique et morale des Misérables reste bien présente.
Leurs conflits, leurs déchirements internes, les soubresauts politiques, les dilemmes amoureux, les vilenies, les malversations et autres bassesses tout y est.
Les thèmes chers à Hugo, tels la misère, le pardon, la bonté humaniste, et son plaidoyer pour un monde moins indifférent, respectueux de l’individu sont presque palpables tant les tourments de Jean Valjean ou le combat intérieur de Javert sont réalistes et prenants.

Si l’on devine l’importance et la complexité du travail de Patrick de Longrée (adaptateur et concepteur des décors) et Stephen Shank (adaptateur, metteur en scène et interprète de Mgr Myriel), si l’on est séduit la scénographie épurée habilement contrebalancée par la richesse des créations sonores, lumineuses et autres effets spéciaux, on est surtout sensible au jeu des vingt comédiens.

En tête de distribution, Pascal Racan est un immense et sobre Jean Valjean.
Laurent Bonnet incarne avec une stricte sévérité de bon aloi toute l’impitoyable rigueur (parfois aveugle) de la justice.
Stéphanie Van Vyve, en Cosette, fait souffler sur scène un souffle d’innocence ingénue. Dans la peau de Fantine, elle nous fait frissonner des tourments de cette pauvre âme éperdue de douleur et d’amour maternel frustré.
Cocasses et glauques, Jacqueline Nicolas et Jean-Louis Leclerq insufflent au couple Thénardier des facettes délicieusement kitch et pathétiquement burlesque. Les Misérables
D’une classe folle, Sylvie Perederejew est la narratrice et un peu comme l’ambassadrice d’Hugo.
À la fois piquante et provocante, Amandine Klep  nous offre une jolie composition d’Eponine.
Impossible de détailler chaque rôle, même si chacun mériterait également d’être épinglé nous citerons donc la participation de Clément Manuel (Marius), Jérémie Pétrus (Gavroche), Françoise Oriane (Soeur Simplice et Mme Magloire), Jean-François Rossion (Enjolras), Denis Carpentier (Grantaire), Peter Ninane (Laigle), Olivier Francart (Prouvaire), Cédric Cerbara (Combeferre), Yann Leriche (Brujon), Benoît Pauwels, Valentine Jongen (Cosette enfant) et Marie-Astrid Legrand.

Voici un rendez-vous grandiose, épique, fastueux qu’il ne faut pas manquer. Trois grands H (l’Histoire, Hugo et l’Homme) vous attendent dans la morne plaine de Waterloo qui vibre de la chaleur et de la générosité de cette fresque monumentale.

Spectacle vu le 10-09-2011
Lieu : Butte du Lion de Waterloo

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF