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Comme tu respires
En rouge et blanc
Bruxelles, soir de St Valentin, la neige tombe sur la place du Sablon.
Des cupidons de papier décochent leurs flèches à tout va.
Les boutiques dardent les reflets rubis des cœurs qui les décorent.
Marco a fixé rendez-vous à Clara.
Au menu de cette soirée à but romantique, un goulasch au Grand Maïeur.
Mais comme la Mathilde du grand Jacques, Clara n’arrive pas.
Dans l’esprit de l’amant inquiet, les pensées tourbillonnent plus vite que les flocons : accident, abandon, retard,…
Il se fait un véritable trip intérieur fait d’appels au secours, recherches éperdues et réminiscences.

Au rythme de ce cerveau survolté, seul en scène, dans une forme de stand-up théâtral, Valéry Bendjilali enchaîne les personnages : le chauffeur de taxi, le paléontologue, Clara, la dame à la gabardine, Karine l’amie, le patron du restaurant, les convives attablés, sa mère, l’infirmière des urgences…
Au gré des errements d’un esprit enfiévré, surgissent d’un souvenir, d’un fantasme ou d’une vantardise  Carole Bouquet, des boules à neige, des poules d’eau, Al Pacino, les fagnes, Bénabar, des yeux gris, un chien mélomane, Piaf, le séminaire, l’Italie…
Sorte de miroir aux mille facettes, Marco nous emporte dans un tourbillon de pensées chaotiques.
Dans cette logorrhée verbale, très coq à l’âne  comment distinguer la vérité de l’affabulation ?

Habilement, l’écriture de Christian Dalimier et Valéry Bendjilali brouille les pistes et jamais n’apporte de réponse claire et tangible.
Marco est-il un fou dangereux, un mythomane ou un pitoyable amant délaissé ?
A chacun de choisir sa réalité ou sa fiction dans ce flou savamment orchestré que sont les perceptions et les réactions de Marco.

Intéressant, drôle et attendrissant, le texte séduit d’emblée.
Reste que le jeu de Valéry Bendjilali paraît un peu figé en ce soir de première.
Marco est un homme qui souffre, qui cherche des réponses.
Un être torturé, qui nous fait partagé les sursauts spontanés de son esprit, qui nous entraîne de pensée en souvenir, de crainte en panique et de  prémonition en espoir.
Gageons que ce probable trac s’estompera vite et permettra à Valéry Bendjilali de mieux communiquer les souffrances et les interrogations de Marco et lui donnera la légèreté et la spontanéité qui feront de cette nuit bruxelloise en rouge et blanc une rencontre précieuse non avec l’inaccessible Clara, mais avec le théâtre.

Spectacle vu le 13-08-2011
Lieu : Festival Royal de Spa (Salon Gris)

Une critique signée Muriel Hublet

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