Logo
Toutes nos mères sont dépressives
Toutes nos mères sont dépressivesRire pour ne pas pleurer…
La compagnie Chéri-Chéri, par les mots de Thibaut Nève, évoque à nouveau, après L’homme du câble, les liens familiaux.
Trouble, troublante, troublée, fusionnelle, on a qualifié la problématique relation mère-fils de millier de noms.
Que l’on traite de la difficulté à couper le cordon, d’infantilisation, d’amour encombrant ou inconditionnel, de complexe d'Œdipe ou de première femme de sa vie, depuis Freud on n’arrête pas d’en parler.

Le scénario se dédouble dans Toutes nos mères sont dépressives.
Deux comédiens et amis (Thibaut Nève et Quentin Marteau)  interprètent une pièce écrite par le premier à la demande et sur base de la thématique choisie par le second.
Son thème porte sur ses relations avec sa mère et l’argent.
Le public assiste donc à leurs discussions, à la mise en scène de leur spectacle, mais aussi au jeu de ce dernier.
Les deux vont s’entremêler pour créer des moments désopilants ou poignants.
Chaque situation jouée laisse transparaître les fêlures, les silences, les non-dits et toute la souffrance accumulée pendant des années.
Toutes nos mères sont dépressives navigue donc sans cesse entre rires et émotion.
La mise en scène de Jessica Gazon et le propos volontairement caricatural du texte nous offrent des instants 100 % pur kitch où les deux comédiens interprètent, perruques, voix de fausset et hauts talons à l’appui, leurs mères respectives.
L’exubérante et sans gêne Gene (Thibault Nève) va imposer à l’introvertie Chantal (Quentin Marteau) une séance de coaching comportemental dirigée par un Jef (un Thibault Neve très flamouche).
Cette rencontre va comme libérer Chantal, briser une série de carcans, ouvrir les vannes d’un barrage.
Les flots tourbillonnants des sentiments refoulés risquent d’être dévastateurs.
Toutes nos mères sont dépressives
Un peu comme la boule à facettes qui trône au-dessus du sofa de Chantal, le spectacle est polymorphe.
Côté Gene et Jef, il est hilarant, dans ses excès volontaires, dans son trait à la limite de la caricature et du surjeu.
Tandis que Chantal est tout à la fois drôle et pathétique.
Tout est donc une question de perception de la part du spectateur.
S’attachera-t-il uniquement au côté jubilatoire et décalé ?
Il sera ravi du spectacle, mais peut-être un peu surpris par sa fin abrupte.
Celui qui d’emblée, par delà les éclats de rire, décèlera toute la profondeur latente d’un drame du silence et de l’amour refoulé risque de se sentir décontenancé ou perplexe. 
Car à force de rire sur tout et de tout, Toutes nos mères sont dépressives  lui fait perdre ses repères et il recherche en vain vérité ou réponses.

Reste qu’au-delà de ce petit bémol, Toutes nos mères sont dépressives a le mérite d’aborder un sujet délicat de manière rafraîchissante et décoiffante et nous offre une joyeuse parenthèse dans un monde plutôt tristounet.

Spectacle vu le 07-09-2011
Lieu : Arrière-Scène

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF