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Au bout du comptoir, la mer !
Qui, confortablement assis dans son estaminet favori, n’a jamais été confronté avec le monologue d’un familier des lieux.
Au bord du comptoir, vient s’accouder un solitaire, un artiste miteux qui (se ?) raconte.
Entre vérité et délire, entre rêve et réalité, entre désirs et inventions, qui nous parle ?
Serge Valetti, l’auteur, a composé un personnage complexe.
Il juxtapose les comportements, projette de multiples impressions.
Qui est Stephan : un mythomane, un homme ravagé par l’alcoolisme, une âme en peine, un esprit enfermé dans un dédale de contradictions, de peurs et de renoncements ?

Avec beaucoup de tendresse et d’ironie voire d’autodérision, avec humour ou mélancolie,  il peint un portrait lucide de sa triste déchéance et de ses échecs répétés.
Toujours optimiste, ses échecs lui apparaissent comme des promesses de futur réjouissant.
Inhabituel par sa proximité et la complicité qu’il noue avec le public, le spectacle joue les paradoxes.
Difficile de ne pas ressentir une once de malaise et une bonne dose de compassion pour ce pauvre hère et en même temps impossible de se retenir de sourire ou de rires devant un récit à la fois pathétique et attachant.

Difficile de résister à la prestation d’Alain Boivin tant son travail principalement au niveau du visage est surprenant.
On assiste littéralement à l’alcoolisation qui petit à petit prend possession de son esprit et de ses gestes.

Entre le ton feutré de la confidence et une certaine forme de voyeurisme troublant, Au bout du comptoir, la mer ! nous invite à une rencontre singulière avec un personnage touchant et haut en couleur, comme on voudrait en rencontrer plus souvent.

Spectacle vu le 15-06-2011
Lieu : La Samaritaine

Une critique signée Muriel Hublet

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