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A portée de crachat
A portée de crachatSi souvent le théâtre évoque arabe et juif, rarement offre-t-il une vision conjointe, un mélange de points de vues sans éluder ou monter en épingle le problème palestinien.
Dans son texte écrit en hébreu, le Palestinien Taher Najib évite habilement l’écueil rédhibitoire du réquisitoire.
Il y (d)énonce avec pas mal d’humour l’existence d’un acteur, palestinien d’origine, mais juridiquement israélien.
Une situation complexe, presque kafkaïenne qui oblige à faire le grand écart par-dessus un gouffre de préjugés et d’incompréhension.
Sans parti pris, il nous entraîne de Ramallah à Tel-Aviv en passant par Paris à la suite de son héros.
Avec lui, nous éprouvons ses luttes intérieures, ses contradictions, sa recherche identitaire, son sentiment d’isolement, son impression d’être rejeté, d’être un paria sur sa propre terre, sa vie sans espoir d’avenir.
Avec beaucoup de dérision, il nous fait vivre la guerre des crachats, le poids des soupçons nés avec le 11 septembre, etc.
Ce monologue tour à tour vif et bourré d’émotion est interprété par Sam Touzani dans une mise en scène de Richard Kalisz.
Ce dernier y insuffle un grand dynamisme et utilise l’énergie de son acteur jusque dans une chorégraphie toute droite sortie d’un Américain à Paris.

Si prise seule, on apprécie le jeu et le travail de Sam Touzani, A portée de crachat laisse un tantinet dubitatif.
On a l’impression de passer à côté d’un essentiel jamais clairement perceptible.
Richard Kalisz nous égare-t-il dans trop de prestations physiques, d’apports de vidéo et accentue-t-il trop l’humour au profit de l’émotion et de la gravité de la thématique ?
Est-ce l’énorme battage médiatique créé autour du spectacle qui influence ou laisse espérer autre chose autrement ?
Difficile à dire.
Mais, peut-être que le propos nuancé et doux-amer de Taher Najib et le regard presque intimiste qu’il porte sur la situation d’un homme écartelé entre poids des traditions, regard de la communauté, besoin de s’exprimer et de vivre n’en demandait-il pas autant ? A portée de crachat

Spectacle vu le 01-03-2011
Lieu : Espace Senghor

Une critique signée Muriel Hublet

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