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Rue des Jonquilles
Rue des Jonquilles La Rue des Jonquilles c’est ici, là-bas et partout.
Si l’auteur René Bizac la situe dans une de ces agglomérations françaises qui ont connu dernièrement des émeutes, il aurait pu la localiser à Schaerbeek, Molenbeek ou bien d’autres communes où la mixité sociale, culturelle et générationnelle est la plus forte.

Nous sommes en France en pleine période de révolte des banlieues.
La Cité des Violettes est en ébullition, les esprits sont échauffés.
Juste à côté, dans son petit pavillon, la Vieille (Suzy Falk) rumine son expulsion.
Sa maison va être démolie pour améliorer les logements sociaux, créer des espaces verts, socialiser et humaniser les ghettos.

Habilement, René Bizac mélange les destins, celui de la vieille dame solitaire et celui de Prince (Marwane El Boubsi), jeune beur fier et révolté.
Autour d’eux gravitent un présentateur de téléréalité (Benoît Verhaert), un politicien (John Dobrynine) beau parleur, versatile et inconstant et un policier désabusé (Christian Crahay).
Sans poser de jugement, il narre des évènements, il décrit solitude, racisme, sentiment de rejet, violences urbaines, exclusion…
Avec humour et tendresse, il mêle les points de vue, oppose les traditions, les perceptions, et nous montre dans son miroir réaliste le reflet de nos œillères et de notre égoïsme.

La portée de son texte ne serait pas aussi forte si sa mise en scène ne jouait pas autant sur l’humain.
Il dirige sa brochette d’acteurs avec talent.
Chacun devient vrai, avec ses failles, ses douleurs, ses souffrances, sa veulerie ou ses mensonges. Rue des Jonquilles

Destinée aux jeunes et aux écoles pour créer une discussion sur le vivre ensemble multiculturel et intergénérationnel Rue des Jonquilles est aussi un formidable moment de théâtre qui ne doit pas uniquement être résumé aux adieux de Suzy Falk.
Si la comédienne de 88 ans nous démontre une fois de plus d’un regard ou d’un tremblement du menton qu’elle est et restera une de nos grandes dames du théâtre belge, Christian Crahay, John Dobrynine, Benoit Verhaert et Marwane El Boubsi excellent tout autant à nous sensibiliser à une histoire banale, à un de ces faits divers qui chaque jour émaillent notre actualité sans qu’on n’y soit plus attentif et encore moins conscientisé.
Le talent des acteurs et la justesse du texte devraient espérons-le semer dans les esprits quelques graines d’émotion, de compréhension et qui sait de tolérance.

Spectacle vu le 11-02-2011
Lieu : Centre culturel Jacques Franck

Une critique signée Muriel Hublet

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