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Bonjour Coco parachute
Bonjour Coco parachuteEn franchissant l’entrée d’un classique hémicycle et en s’asseyant sur les sièges de velours rouge, en se glissant dans une arche moderne consacrée à l’expression contemporaine, en pénétrant dans une cave dédiée aux émules de Molière ou aux futurs Shakespeare, chaque spectateur a sa propre définition et sa perception du théâtre.
S’il est un lieu de rencontre privilégié entre le public et l’artiste, il est aussi un outil vivant de communication.
Mais que savons-nous de ce qui motive l’acteur ou l’auteur ?
Éric De Staerke nous lève un coin du voile au travers de Coco Parachute.
L’étrange bonhomme qui a rythmé son enfance était une porte ouverte sur le rêve, sur la possibilité d’être autre, autrement, de sublimer son entourage, de voler sans ailes, de rêver sans dormir.

Sorte de Pierrot des temps modernes, sans masque ou visage enfariné, Éric De Staerke est ici un bouffon sensible, candide et naïf, aux mots plein de bon sens.
Sans coup férir, il assène les vérités sans choquer et avec une solide dose d’impertinence frondeuse.
Il nous emporte dans un voyage en Absurdie plutôt lucide, cocasse et tendre où la culture, celle que l’on est sensé écrire avec un C majuscule est devenu une pantalonnade, un terme galvaudé, trituré, déstructuré à coups de subsides ou de bulldozers.
Mais qu’est le rêve, qu’est devenu le message capable de sublimer les foules, de pousser à la révolte ou la prise de conscience comme notre Muette de Portici ?
Existe-t-il toujours ?
Le comédien sait-il encore transcender le public, transmettre l’émotion, sensibiliser aux dérives de notre quotidien ?

Entre apartés avec les spectateurs, confidences, anecdotes et coups de gueule, il vagabonde entre les récits. Ainsi, d’une historiette à l’autre, il propose de détruire les théâtres pour les transformer en parkings ou d’assister à une représentation cocasse de la crucifixion de Jésus.
Dans un joli désordre, il déballe fables et vérités avec la faconde d’un clown triste. Tel un jongleur, il insère paradoxes et politique dans un spectacle dont il est, sous la houlette de Jacques Viala à la mise en scène, le magicien, le maître d’œuvre et l’âme.

Frais, inattendu et inclassable Bonjour Coco Parachute est un rendez-vous avec un fou des mots, un rêveur éveillé qui tel un enfant souffle une bulle de savon qui le temps de la représentation enveloppe le public et l’emporte dans un songe irisé.

Spectacle vu le 24-03-2011
Lieu : Petit Théâtre Mercelis

Une critique signée Muriel Hublet

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