Logo
La Princesse Turandot
La Princesse TurandotÉcrite par Carlo Gozzi, en 1762, et plus connue par son adaptation en opéra par Puccini, Princesse Turandot sera donc pour beaucoup une véritable découverte théâtrale.
Si on y retrouve les personnages de Pantalon ou Tartaglia, la plupart des autres plongent leurs racines dans les contes persans.

Dominique Serron a choisi de l’adapter dans un onirisme hésitant entre modernité et commedia dell’arte, entre danse et pantomime (pas toujours bien maîtrisée et parfois répétitive), entre inspiration chinoise et influences italiennes.
Le décor simplissime, mais ingénieux d’Anne Guilleray, se compose d’une dizaine de chariots roulants garnis de toiles à hauteurs modulables.
Ils se transformeront ingénieusement en baldaquin, castelet.
Seules certaines longuettes manipulations rendront leur usage par instants lassant.
Les costumes (Renata Gorka) usent des ors et des couleurs chaudes propres à cette ambiance orientale.La Princesse Turandot
Côté acteurs, a limité son choix à dix comédiens seulement qui assument tous les rôles.
Pour réaliser cette prouesse et rester dans la ligne de conduite qu’elle s’est fixée, chacun se revêt tout à tour d’un masque.
Ces créations de Lucia Picaro sont largement inspirées des personnages de la commedia dell’arte pour ceux déguisant les traits ou des figurines figées de style chinois pour ceux masquant totalement le visage.
Ces derniers musellent donc l’acteur.
De trois-quarts dos à la salle, Patrick Brüll et France Bastoen (ou Laure Voglaire selon la nécessité des scènes) s’approprient les différentes voix, les entonnent séparément ou les enchaînent avec une fougue et une virtuosité qui fera le régal des spectateurs des premiers rangs.
Le public devient ici un acteur de premier plan.
Aidé par le travail des comédiens (Laurent Capelluto, Mélanie Delva, Afazali Dewaele, Toni D’Antonio, Stéphane Fenocchi, Fabien Robert, Fabrizio Rongione, Luc Van Grunderbeeck, Vincent Zabus, France Bastoen,
Patrick Brüll, Laure Voglaire) et les musiques de Gauthier Lisein, il doit faire travailler son imagination, compléter le décor et accompagner par l’esprit les péripéties.La Princesse Turandot
L’effort à fournir en dérangera certains, mais pour ceux qui ont gardé leur âme d’enfant, ceux qui en fermant les yeux savent se transporter par de là la muraille de Chine, ils apprécieront l’interprétation généreuse et la fantaisie créatrice qui dépoussièrent allègrement et de rendent accessible une œuvre que trop souvent considérée comme désuète ou pesante.


Une découverte rafraîchissante, emmenée par une fougue et une générosité artistique rares, qu’il serait dommage de se priver pour les quelques bémols exprimés.

Spectacle vu le 05-03-2009
Lieu : Théâtre Molière

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF