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Toc Toc
Toc Toc   Des tocs … à la louche
Dans la salle d’un thérapeute en vue six personnes se rencontrent.
Chacune espère beaucoup de ce rendez-vous.
L’illustre docteur Stern est réputé pour ses guérisons de tocs et autres troubles obsessionnels.
Las, un peu comme l’Arlésienne, le praticien se fait attendre et les patients vont, au départ un peu contraints par l’attente, lier connaissance.
Si chacun se rend compte de sa manie, de sa phobie qui lui trouble la vie, il va se retrouver confronté  à l’enfer des autres (pour paraphraser Sartre).
Fini de se complaire dans sa douleur personnelle, ici tous sont égaux devant la détresse morale et l’envie de guérir.
Ces solitaires, ces hommes et ces femmes qui trop souvent se sentent rejetés, se replient sur eux-mêmes, vont devoir composer avec d’autres.
Petit à petit, un dialogue va s’installer, et tous vont apprendre à écouter et plutôt à partager qu’à se plaindreet  se renfermer dans une coquille protectrice.
Tout le sel de la pièce écrite par Laurent Baffie réside dans ces oppositions et dans une écriture finement ciselée, bourrée de jeux de mots et de références drolatiques.
Sans une once de méchanceté, il croque intelligemment les comportements et si certains gags ou réflexions sont quasi prévisibles, personne n’y trouvera à redire tant tout semble naturel.
La mise en scène de Daniel Hanssens en fluidifie encore la gestuelle et la spontanéité.
Il s’est entouré d’une belle brochette de comédiens pour incarner ces toqués d’étonnants.
Je vous encule tous !  Ces premiers mots de Fred (Pascal Racan) situent d’emblée le personnage.  Victime du syndrome de Tourette, il ne sait maitriser gestes et vocabulaire.  Son comportement doux et policé s’émaille donc des jurons et grossièretés.
Vincent (Daniel Hanssens) est chauffeur de taxi et compteur invétéré.Toc Toc
Le nom de sa maladie est l’arithmomanie et se traduit par une propension à tout chiffrer, le temps, les probabilités, les dates.  Au dixième près ou à la louche, il ne rate jamais le calcul.
Son caractère gentiment moqueur va en faire un des moteurs de la pièce.
Marie (Colette Emmanuelle) est non seulement prude et bigote, mais aussi affligée d’une tendance à tout vérifier.
Hilarante et attendrissante, elle n’aura pas assez de ses deux mains pour se signer tant subir les jurons de Fred et les moqueries de Vincent écorneront ses chastes oreilles.
Côté pureté, Blanche la nosophobique (Laure Godisiabois) ne lui envie rien.  Sauf que son drame à elle est les microbes et autres virus qui lui polluent le quotidien.
Heureusement que le savon et le spray aseptisant ne manquent pas.

Lili (formidable Anna Cervinka) atteinte de palilalie a tendance à tout répéter.
On appréciera la performance de la jeune comédienne qui réussit de bout en bout à dire  deux reprises chaque tirade sans se tromper et malgré les éclats de rires qu’elle provoque.
Bob (Simon Wauters) ne conçoit l’existence que de manière symétrique.
Un entrecroisement de lignes au sol, un cadre légèrement incliné, un livre mal aligné dans une pile peuvent entièrement lui gâcher la journée.
Délicieusement décalée, tendre et ironique,  Toc Toc est un incontournable de ces fêtes de fin d’année.
Poussez vous aussi la porte du cabinet du Dr Stern pour une thérapie par le rire.

Spectacle vu le 07-12-2010
Lieu : Centre Culturel d'Auderghem

Une critique signée Muriel Hublet

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