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Habit(u)ation
Habit(u)ationAnne-Cécile Vandalem nous fait pénétrer l’intimité d’une famille.
Le père Alain (Alexandre Trocki), blessé au dos, débite du saumon à longueur de journée.
La mère Claudia (Véronique Dumont) est secrétaire dans une compagnie d’assurances.
Conductrice de bus, Yvonne (Brigitte Dedry) est la tante de la petite Annie (en alternance Chloé Résibois et Epona Guillaume).
Description d’une famille normale pas vraiment.
Chacun est comme emmuré dans ses douleurs et n’arrive pas à exprimer le moindre sentiment.
Rien ne vient briser la routine et l’ennui.
Dans la moiteur étouffante du silence ambiant, le moindre mot sonne comme un aboiement et le plus infime geste même pseudo-affectueux à la douceur d’une gifle retentissante.
Les trois adultes tournent en rond dans leur vie bancale comme des poissons rouges dans leur bocal.
Quelle est la place d’une enfant pleine d’énergie et de rêves au milieu de tout cela ?

Anne-Cécile Vandalem va nous emporter, au rythme des pensées de la petite fille, dans une fantasmagorie angoissante, intrigante.
Dans la digne veine des films d’horreur, l’intérieur falot et fonctionnel devient un lieu de cauchemar et de folie.
Très vite donc, le fil de la narration disparaît.Habit(u)ation
À chacun de percevoir le message des scènes d’angoisse qui se succèdent.

Tout à fait hors des sentiers battus, Habit(u)ation  est un véritable OVNI théâtral.
 Une fois abandonnée l’idée de trouver une logique au récit, de pouvoir faire des parallélismes avec notre réalité, le spectacle révèle toute sa splendeur.
Dans une mise en scène précise et efficace, Anne-Cécile Vandalem obtient le meilleur de ses comédiens, mais surtout s’est entourée d’une équipe technique talentueuse.
La scénographie et les accessoires de Marie Szersnovicz sont magnifiques.
Sa maison banale, envahie par des branches, de la terre et de l’eau est quasi un des acteurs du drame.
Les lumières de Samuel Marchina, tout particulièrement dans l’éclairage du jardin éclairé par le feu purificateur, sont de toute beauté.
Les musiques de Pierre Kissling sont volontairement oppressantes à souhait.
Difficile de décrire fidèlement Habit(u)ation, mais la pièce vaut franchement le détour rien que pour la poésie et le surnaturel qui s’en dégagent.
Oubliez donc la raison, laissez vous envoûter et qui sait percevrez vous les messages cachés derrière ce retour à la nature… forcé et merveilleusement absurde.

Spectacle vu le 11-11-2011
Lieu : Théâtre National - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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