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Le Géant de Kaillass
Le Géant de Kaillass La Compagnie Arsenic inaugure son chapiteau neuf avec Le Géant de Kaillass.
Spécialiste de le hors-norme, qu’allait-elle donc nous proposer après  MacBeth et  Le Faiseur de monstres ?
Elle nous propose de découvrir la dramatique vie d’un géant (John John Mossoux).
Cet être incompris est en butte aux moqueries et autres quolibets de son entourage.
Il s’enfuit et tombe aux mains d’un manipulateur qui va le transformer en bête de foire et l’exhiber dans toute l’Europe.
Au-delà donc de la fable moralisatrice et de la détresse d’un paria rejeté de tous sauf de la très petite Karen De Paduwa, est un voyage scénique et théâtral.

La mise en scène d’Axel De Booseré explore littéralement tous les genres.
Chants, danses, cirque, mime, commedia dell’arte, tous sont au rendez-vous d’un spectacle tendre, émouvant et déjanté.
Sur scène, les dix-sept comédiens et musiciens enchaînent sans accrocs la vingtaine de tableaux.
Costumes et décors sont somptueux, originaux et démontrent un travail de très grand soin.
On ne peut donc qu’applaudir des deux mains un tel travail.
Et pourtant, persiste un certain malaise.
La cause en est probablement le texte de Peter Turrini.
Écrit à l’origine pour l’opéra, ce livret d’un auteur classifié (avec raison) gauchiste veut, comme toute l’œuvre du dramaturge autrichien, par une indéniable exagération, soulever la conscience du public et le sensibiliser entre autres contre les exclusions et les racismes.
Pour arriver à ses fins, rien ne l’arrête ni la caricature féroce, ni l’amplification outrancière des clichés et même pas la vulgarité.

La Compagnie Arsenic ne nous a jamais habitués à faire les choses à moitié.Le Géant de Kaillass
En s’emparant du texte de Turrini, elle exploite à fond chaque possibilité visuelle et scénique.
Chaque scène est donc en soi un petit bijou théâtral.
Toutes réunies, elles créent un ensemble un peu dissonant.
Ce manque d’unité, cette alternance d’instants magiques, de moments de tendresse, de purs gags et de savoureux pastiches peuvent perturber.
Si les petits et grands enfants qui ont soulevé un pan du chapiteau d’Arsenic pour vivre un rêve éveillé seront un peu frustrés, n’empêchent qu’ils auront vibrés, ri et pleuré en accompagnant Le Géant de Kaillass dans son périple mouvementé.
Le spectateur amateur de performances lui se délectera d’une telle représentation tant Axel De Booseré et toute son équipe réussissent un joli exploit scénique.

Spectacle vu le 20-11-2010
Lieu : L'Ancre

Une critique signée Muriel Hublet

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