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La confusion des sentiments
La confusion des sentimentsPar delà
Si je ne devais résumer La confusion des sentiments en deux mots, ce serait ceux-là, tant, de manière parfois insidieuse, le spectateur se trouve poussé hors des sentiers battus, par delà certaines de ses limites.
L’écriture de Zweig, toute à la fois profondément humaine et poétique, est un comme une rose charnue dont on ôte les pétales un à un.
L’histoire se met en place doucement, par petites touches avant d’en arriver au cœur même du drame.
On ne peut qu’applaudir des deux mains le travail de Thierry Debroux qui a adapté magnifiquement la nouvelle de Zweig.
Il fait de ce récit court, écrit à la première personne, une pièce de théâtre pour trois acteurs, très respectueuse de son auteur.
Il y instille quelques passages d’Hamlet, Le Roi Lear ou Othello, le ressenti des personnages se retrouve en écho dans différents extraits de Shakespeare.
Déroutants de prime abord, aptes à agacer les allergiques aux classiques ou au dramaturge anglais, ils se révèlent pourtant très pertinents et traduisent mieux que de longues tirades l’ambiguïté ambiante et l’évolution des protagonistes.

Par delà cet éventuel préjugé, la scénographie d’Élisabeth Schnell, très sobre et intemporelle en avant-scène, joue sur la symbolique avec un mur fait de souples lanières permettant une vision par delà les limites de l’œil et de l’esprit qui se renforce encore par des jeux de miroirs sortes de réverbérations ou de réponses aux sentiments évoqués ou non-dits.

Ces différents par delà une fois franchis, le spectateur attentif sera emporté dans le tourbillon des passions et de leur confusion.
Transfert d’amour filial entre un élève et son professeur, amour chaste, amour interdit, frustrations, silences, c’est un véritable maelstrom de sentiments qui étreint les personnages : souffrance, obsession, attraction, répulsion, négation, rejet, solitude, doute, jalousie, désir, séduction s’entremêlent dans ce huis clos puissant et captivant.

Efficacement servi par le talent de Pierre Santini et  Muriel Jacobs ainsi que par la jeunesse de Nicolas d’Oultremont, La confusion des sentiments ne laisse personne indifférent.
A la sortie, chacun commente, partage son ressenti et ses interrogations.La confusion des sentiments
Les amateurs de grands moments, d’émotions et de textes ne pourront qu’être subjugués.

Spectacle vu le 19-05-2011
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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