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Aux hommes de bonne volonté
Aux hommes de bonne volontéScène classique et qui souvent nous tire un sourire, une famille est dans une étude notariale pour la lecture du testament du défunt.
On retrouve donc les clichés de personnages engoncés dans le chagrin, de gestes de malaise et de notaire rigide, voire coincé.
Pourtant, très vite, Aux hommes de bonne volonté fait éclater cette vision clichéiste pour nous proposer un drame de l’amour ou plutôt du manque affectif.

Jeannot Vandal vient de mourir du sida.
Il n’avait que quinze ans.
Son testament frondeur et très règlement de compte est un cri de rage et une sorte d’appel au secours.
L’adolescent crie une dernière fois sa révolte et veut ainsi pousser ses proches à briser leur carcan de solitude.
Il les contraint à crever l’abcès, à oser s’avouer leurs non-dits et qui sait les amener à enfin exprimer leurs sentiments et s’octroyer le droit de s’aimer.

L’auteur Jean-François Caron n’y va pas de main morte dans la violence verbale et dans la crudité des affirmations et descriptions.
Son but est clairement de choquer et de pousser à la réflexion.
Habilement, il distille pourtant quelques doses d’humour (comme l’orthographe du jeune rebelle) et surtout il ajoute un paradoxe de jeu supplémentaire en faisant du notaire l’écho de la révolte de Jeannot, en fusionnant même par instant les deux personnages.

La mise en scène de Vincent Goethals, la scénographie d'Anne Guilleray et les éclairages de Philippe Catalano donnent au spectacle un réalisme cru et font de ce huis clos un face-à-face prenant et interpellant.
La direction précise, soucieuse du moindre détail de Vincent Goethals fait que mots et comédiens deviennent de véritables porte-paroles de l’auteur et si on ne peut rester insensible à ce violent plaidoyer pour plus d’amour et de compréhension on appréciera tout particulièrement le talent des acteurs.
Bernard Sens mérite doublement les applaudissements.Aux hommes de bonne volonté
Saisissant, il passe d’un extrême à l’autre, de l’homme de loi hérissé de préjugés au gosse exalté et qui hurle son désespoir.
La solitude bourrue et timide de l’oncle Jos de Philippe Vauchel  prend un relief délicieux dans ces épaules voûtées et cette casquette nerveusement triturée.
La mère de Patricia Ide est un bon mélange de folie douce et de désespérance, le trouble de la Loulou d'Audrey Riesen et le sentiment d’injustice du Juliot de Réal Siellez ajoutent au malaise ambiant.
Serge, l’amant, l’ami, le confident vit, sous les traits de Nabil Missoumi, une dernière et douloureuse rencontre, par mots interposés, avec Jeannot à qui il reproche tant et de qui il a tant espéré.

Spectacle vu le 09-02-2011
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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