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Les Reines
Une couronne pour six

Les ReinesLondres, 1483.
Le roi Édouard est mourant.
Dans l’ombre, la course à la succession est ouverte.
Six femmes, six reines se jaugent et s’affrontent. Chacune a ses désirs, ses regrets, ses ambitions et cache soigneusement ses souffrances.
Babillages futiles, monologues douloureux ou dialogues caustiques, les mots s’enchaînent, riches, somptueux, pleins d’humour et de poésie.

Normand Chaurette, traducteur et adaptateur des pièces de Shakespeare, s’inspire de Richard III et convoque six personnages historiques.
Un peu comme un magicien qui erre dans un musée anglais, il extirpe ces grandes dames de l’immobilité de leurs tableaux, leur insuffle vie pour les réunir le temps de cette nuit de tempête.
Inutile donc de chercher de corrélation entre elles ou de vérité historique.

Elles sont complexes, pathétiques, burlesques, attendrissantes et prêtes à tout pour arriver à leurs fins
Il y a là Élisabeth (Sibylle du Plessy) déboussolée entre son mari agonisant et son souci de préserver ses bébés et héritiers présomptifs, Marguerite d'Anjou (Jacqueline Preseau) aigrie, amère, chassée de partout et à la recherche d’un peu de reconnaissance voire d’affection, Isabelle Warwick (Céline Robaert) essaie de protéger George, son époux, des noirs desseins de son frère Richard.
Sont également présentent dans cette joute pour le pouvoir et la vie, Anne Warwick (Émilie Duvivier) la retorse fiancée de ce dernier, la duchesse de York (Brigitte Louveaux) mère des deux prétendants au titre royal et d’Anne Dexter (Muriel Audrey), qu'elle a faite mutilé et contrainte à jamais au silence et à la dépersonnalisation.

La mise en scène de Jacqueline Préseau, le décor simple en apparence et pourtant, tout entier conçu pour être un prolongement au texte de Chaurette.
Au centre du plateau, est posé un trône vide (reconstitution fidèle de celui de l’époque), sur lequel toutes rêvent de s’asseoir.
Au-dessus, comme suspendue dans le vide, omniprésente et sujet de toutes les convoitises, pend la couronne des rois d’Angleterre.
Bougies et voiles créent, eux,  une ambiance propre à évoquer troubles et incertitudes imaginés par l’auteur.
Sont ainsi représentés visuellement ce qui est le cœur de la pièce : l’avenir, l’espoir et le pouvoir.
Le reste n’est que luttes piquantes, querelles vitriolées, mensonges, volontaires omissions, silences provocateurs, victoire et déchéances.
Chacune se bat pour justifier son existence, son droit royal.
L’échec signifierait la chute, la perte du sens même de leur vie.
Sans le pouvoir, que leur reste-t-il ?
La solitude ? L’oubli ? Le rejet ? La mort ?

Peut-être simplement d’enfin devenir… femmes, de retrouver une certaine humanité derrière les masques de façade.
C’est donc un rendez-vous avec des monstres séduisants et troublants, des êtres faibles et impitoyables, des amputées du cœur ou de l’âme.Les Reines
Un peu comme la vie même, Les Reines est un basculement répétitif entre tragique et comique, entre mensonges et vérité, entre rires et larmes.
L’avenir, l’espoir et le pouvoir sont au rendez-vous avec des monstres féminins, séduisants et troublants, des êtres faibles et impitoyables, des amputées du cœur ou de l’âme.
Un peu comme la vie même, « Les Reines » est un basculement répétitif entre tragique et comique, entre mensonges et vérité, entre rires et larmes.

Spectacle vu le 29-10-2010
Lieu : Théâtre de la Flûte Enchantée

Une critique signée Muriel Hublet

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