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Malentendus
Valse le temps, volent les secrets, tournoient les non-dits.
MalentendusElle a fui son pays, son enfance et considère être née le jour de son mariage.
Quel passé douloureux a-t-elle enfoui ?
Cette question taraude sa fille et crée une faille de silence dans leurs rapports.
Tout le texte de Vincent Engel tourne autour de cet empoisonnant mystère.
Pourquoi se tait-elle ?
Que cache-t-elle ?
En grandissant, la vie de la jeune femme va même s’en trouver influencée, voire bouleversée, et pourtant, jamais l’ombre d’une révélation, l’ébauche d’une explication ne franchiront les lèvres à jamais scellées.
Le récit nous fait suivre les relations entre ces deux femmes sur une quarantaine d’années.
Avec elles nous parcourons les méandres de deux existences à la découverte d’une histoire qui bégaye, qui hésite, qui recommence ou se répète.
C’est donc une succession de scènes, entrecoupées de petits films familiaux qui nous sont proposés.
Valse le temps, volent les secrets, tournoient les non-dits…
À peine happés par une émotion, un saut de puce dans le calendrier et nous changeons d’époque.
Le seul point commun entre chaque saynète, outre l’évolution en âge des personnages, reste le secret de la mère (Cécile Van Snyck) et les frustrations (teintées d’énormément de respect) de la fille (épatante Stéphanie Van Vyve).
Peut-être ces frustrations nous atteignent-elles également, car au final, le spectateur se sent aussi un peu curieux, un peu floué.
Les moments de vie évoqués (la naissance, l’adolescence, les soupçons d’infidélité du mari, l’attente angoissante dans un hôpital, la mort du père…) sont des instants classiques, voire clichéistes.

Si la performance artistique est là pour les deux comédiennes (changements de tenues, de Malentendusgestuelle, de comportement en fonction de l’évolution de l’âge), pour la scénographie (un décor sobre, neutre, mais parfaitement modulable) et pour la mise en scène (Daniela Bisconti) attentive au moindre geste, souple et inventive pour créer une ambiance intimiste, pour faire naître l’émotion, cette dernière ne ressort pas assez.
L’amour et la complicité sont perceptibles, mais probablement pas assez (sauf dans les quinze dernières minutes) pour combler cette impression de manque.
Même s’il l’émaille de plaisantes touches d’humour, Vincent Engel semble nous proposer un texte un peu comme un lépidoptériste présente sa collection de papillons, splendides, chatoyants mais qu’on préfèrerait voir voleter pour nous éblouir de leurs couleurs.

Une hésitation reste permise… peut-être l’auteur voulait-il faire porter (un peu maladroitement dès lors) la réflexion sur la place de l’amour et du respect entre droit de savoir et droit au secret.
La question reste posée, à chacun d’y répondre dans son for intérieur, même si, ici, pour les deux héroïnes c’est clairement les sentiments qui primeront.

Spectacle vu le 07-08-2010
Lieu : Festival Royal de Spa (Salon Gris)

Une critique signée Muriel Hublet

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