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Damien, Valère et 14-18 ( Petites Séquelles d'une Grande Guerre )
Dans l’ombre complice, confidente et receleuse de moult secrets, François Champdeblés nous livre un nouveau conte à sa façon.
Explorateur de l’âme humaine, il excelle à faire resurgir des pans ténébreux de l'existence, les douleurs secrètes soigneusement enfouies.
Loin de se plonger dans l'histoire parfois tourmentée des grands de ce monde, il préfère ceux qu'on appelle affectueusement les petites gens et leur cortège de récits sombres ou mystérieux, de légendes troubles, d'anecdotes douloureuses où les miettes du passé sont méticuleusement cachées sous la nappe de la vie par souci du quand-dira-t-on.
Il s’y glisse adroitement, s’en inspire et construit tout autour une fable comme chaque fois captivante et émouvante.

Avec Damien Valère 14-18, il opte pourtant pour un registre plus personnel.
Cette fois, il parle des siens et s’il change de-ci de-là une ville, un nom ou un prénom, c’est probablement par pudeur.
Tout comme il n’y a pas d’histoire sans : il était une fois, il va commencer par la découverte de lettres dans un tiroir secret et par sa recherche de ses auteurs.
Il nous entraîne ainsi dans la campagne, au soir de la fin de la guerre 14-18, et nous la faire vivre à travers le regard d’un jeune garçon qui tente de comprendre les grands mots comme patrie, pays, guerre et honneur.
La vie de ce petit bonhomme est pourtant loin d’être limpide, car contrairement aux autres enfants du village dont les pères sont morts au champ d’honneur et pour la patrie ou sont revenus le corps et l’âme meurtris, le sien est toujours absent.
À travers ses yeux, nous percevrons la quête éperdue d’une femme, d’une mère et d’une épouse, sûre de son bon droit et de ses fermes convictions pour faire rentrer la brebis égarée au logis.
Nous assisterons ensuite au retour d’un homme qui revient chez lui comme d’autres passent le portail d’une prison, le pas lourd, silencieux et le cœur à jamais mort.

Plus jamais le passé ne sera évoqué, il a été enfermé derrière les portes de solitude, de l’indifférence, de la jalousie et de la bienséance.
Et pourtant, des années plus tard, ressurgissent des lettres d’amour magnifiques et poignantes.

La vérité complète se dessine enfin pour les spectateurs, même si elle a, pour toujours, échappé à l’enfant devenu homme solitaire à son tour.
Autres temps, autres mœurs, les esprits ont-ils évolué ?
Cette vérité susciterait, qui sait, moins de réprobation et d’opprobre.

Ce conte, très personnel, de François Champdeblés (Dans une mise en scène Arthème et Maggy Souris et une mise en musique de Daniel Dejean) vous entraînera, sur les petits chemins tortueux de la vie, caillouteux et cernés de ronces. Des sentiers qui écorchent les genoux, dardent leurs épines droit au cœur et permettent aux auteurs qui les ont parcourus d’écrire des textes pleins de vie, de tolérance et d’amour.

Spectacle vu le 01-07-2010
Lieu : Jardin de ma Sœur

Une critique signée Muriel Hublet

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