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La Chute
Pour La Chute, toute l’équipe du spectacle s’empare des lieux.
Almamy Barry (le tenancier) vous accueille uniquement dans la langue de Vondel, pour mieux nous transporter dans ce bouge miteux du port d’Amsterdam qu’il a pompeusement nommé Mexico City.
Le public est transformé en consommateurs attablés, un auditoire que va prendre en otages (bien volontaires) Jean-Baptiste Clamence (Benoît Verhaert).
Ce français, ancien avocat est devenu une épave échouée sur les quais, une éponge imbibée de genièvre, qui relate la pente glissante qui l'a conduit de la notoriété au glauque sordide de l’enfer mental dans lequel il est tombé.
Le juriste talentueux, ses succès faciles, sa défense des nobles causes, tout s’est effondré un soir de pluie quand une jeune se suicide sous ses yeux, en se jetant d’un pont de la Seine.
Titubant, dans un imper miteux, il se nomme juge pénitent et se dévoile sans pudeur.
Menteur, affabulateur, bête blessée, ange ou déchu qui est-il ?
Que veut-il ?
Il nous tend un miroir, reflet de ses errances, de ses obsessions ou image de nos propres égarements et non-sens ?

Pour servir ce texte subtil et complexe de Camus, Benoît Verhaert sous la direction de Claude Enuset nous offre une prestation sans failles, puissante et rythmée.
Le moindre regard, le plus infime geste, le plus léger souffle prennent relief et vie et insufflent à La Chute une rare intensité.
Le spectacle se double d’une présence tout aussi originale qu’intrigante.
Le Mexico City, en plus d’être la tribune oratoire de Clamence, propose a ses habitués les chansons de Laïla Amézian.
A capella, elle nous fait voyager de par le monde, le temps de mélodies envoûtantes, pauses respiratoires dans la logorrhée verbale volontairement excessive de ce juge-pénitent solitaire et aussi insaisissable que magistralement interprété.

Spectacle vu le 17-09-2010
Lieu : Atelier 210

Une critique signée Muriel Hublet

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