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Gilbert sur scène
Pour dépasser sa pudeur, pour laisser parler ses sentiments sans paraître s'épancher où être remis en questions, Jeremy Gendrot invite Gilbert sur scène.
Ce personnage inventé devient son propre porte-parole, celui qui dévoile un intime bourré de poésie et de doutes.

Grand gamin trop vite grandi, il flotte dans ses vêtements.
De même dans sa vie, il semble bien peu adapté.
Au fil de ses mots, au détour de ses pensées, nous découvrirons ses phobies et ses obsessions, qui finalement ne sont guère loin des nôtres, celles que nous n'osons jamais exprimer, mais qui pourtant peuvent franchement nous pourrir l'existence.
De l'impression que tout le monde voit la tache sur la manche d'une chemise à celle, lancinante, de sentir mauvais, nous sommes, tous, sans cesse, soumis à l'irrépressible impératif d'être accepté par les autres.
Besoins de paraître et de reconnaissance sont plus frappants chez Gilbert, car sa naïve maladresse, touchante et cocasse, lui permet de formuler avec drôlerie ou tendresse, les affres d'un solitaire, aux prises avec la banalité d'un quotidien glauque et gluant.
Gilbert émeut d'emblée et l'on a envie de lui donner un coup de pouce, de l'aider à surmonter sa timidité et sa crainte de gêner ou d'être mal considéré par son entourage.
Maniaqueries, rites et angoisses taraudent Gilbert, mais sa faconde et son bagout en font un être adorable qui en esprit, au-delà de l'image un peu frustre qu'il projette, se révèle lumineux et attendrissant, un rêveur utopiste, un imaginatif sensible.

Jeremy Gendrot propose au public son premier seul en scène, un spectacle déjà présenté dans le cadre de ses études au Conservatoire d’Art Dramatique, sous la houlette d’Anne-Marie Loop.
En portant son choix sur ce texte d’Yves Hunstad, qui nécessite un jeu d’acteur très physique,  tout en finesse et en expressivité, il n'a pas opté pour la facilité.
Si on sent que Jeremy Gendrot en est à ses premiers pas, qu'il a encore besoin de se poser, de trouver certaines marques, sa prestation ne manque pourtant pas de saveur.
Son travail corporel, tant dans le maintien que dans les mimiques du visage, dénote déjà d'un beau brin de talent.
L'aérien et la légèreté nécessaires au personnage de Gilbert sont nettement perceptibles, sans être maintenus sur toute la longueur de la pièce.
La gestuelle est bien présente, souple et déliée, bien que peut-être un peu trop répétitive par instants.
Mais en ce premier soir de spectacle, face à un public difficile, car principalement composé de ses proches, il nous offre une prestation plus que prometteuse de ce texte complexe d'Yves Hunstad.
Son Gilbert sur scène mérite donc un petit détour par le Théâtre de la Clarencière et vous permettra, d’ici peu, de dire : Jeremy Gendrot ? J’ai assisté à son premier seul en scène.

Spectacle vu le 25-05-2010
Lieu : Théâtre de la Clarencière

Une critique signée Muriel Hublet

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