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Ubu à l’Elysée (ou le mariage d’Ubu)
Ubu, ce despote politique créé par Alfred Jarry, prend ici les traits de Nicolas Sarkozy, un petit tyranneau qui veut devenir Président à la place du Président.
Claude Semal et Yvan Fox revisitent la saga ubuesque pour y tailler un costard sur mesure au mini timonier français.
Il faut reconnaître que ses sorties grandiloquentes, son français parfois approximatif, son goût du luxe et du clinquant (vive les Rolex et les Ray Ban), ses fréquentations très peopliennes, ses amours tapageuses, ses manipulations dictatoriales et sa politique très extrême en font un personnage quasi idéal.
Son côté excentrique voir carrément excité, ses légendaires talonnettes, et son odyssée hyper médiatisée sont presque un cadeau, tant il y a matière à triturer, à décortiquer, à détourner, à monter en épingle et à faire rire.
Sur scène, ce n’est plus lui qui tire les ficelles, il s’est transformé en une marionnette de bois (très réussie dans sa ressemblance) au comportement nerveux et bourré de tics (à peine amplifié à la De Funès).

Pendant un peu plus d’une heure Claude Semal et Yvan Fox sont acteurs, manipulateurs et duettistes deviennent,  d’un geste ou d’une parole , Sarko, Chinchilla l’épouse volage, Sainte Golène (très Jeanne d’Arc) à la recherche de ses voix, le mousquetaire pourfendeur de mots  Guaino,  Brise-Couille Portefeux ministre des charters (de retour à domicile pour immigrés), la bolognaise princesse-chanteuse Marla Caroni, Kouchparter et son retournement de veste.
Ce microcosme politico bouffon s’agite dans une farce foutraque où les deux trublions belges nous offrent une zwanze fransquillonne malicieuse aux décors soignés (Roby Comblain) et à l’ordonnancement millimétré (Laurence Warin).

Si certaines scènes paraissent un peu moins suaves ou plus éloignées de l’univers de Jarry, l’humour échevelé, à peine outrancier, très persifleur et frondeur (même s’il ne nous apprend rien de neuf sur le maître-maire de Neuilly) le spectacle a le mérite rare d’amuser sur le côté décidément grotesque du plus petit des grands de ce monde.

Décapant, cocasse et drôlement tonique en cette période parfois trop sérieuse et BCBG.

Spectacle vu le 03-06-2009
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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