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Paternel
Objets souvenirs, objets chagrins ?
Philippe Blasband nous revient avec un nouveau texte qui explore le deuil, le chagrin et les souvenirs.
Dans une scénographie dépouillée d’Elisabeth Schnell (une seule chaise meuble la salle des voûtes du Théâtre Le Public), les mots occupent tout l’espace.
Les phrases se suivent au rythme des Je prends... énoncés par les trois filles d’un défunt.
Cette répartition des livres, des piles, des ampoules, des meubles, des draps, des foulards, des cannes, des sparadraps, des agrafeuses ou des peintures évoque sous son apparence anodine la valeur pécuniaire et affective des choses.

Philippe Blasband nous fait vivre ce moment délicat voire conflictuel de ce partage entre sœurs.
Chacune a ses souvenirs, ses objets chargés d’anecdotes, d’instants partagés, d’occasions privilégiées.
Mais au-delà de ces apparences, ce sont aussi trois visions d’un même père qui vont se confronter.
Chacune s’en est forgé sa propre image, en a idéalisé certains côtés et a voulu en effacer d’autres.
De même, chacune a eu des relations différentes avec lui.
L’une a été confidente de ses frasques, l’autre de sa religiosité, la troisième de son évolution intellectuelle.
Pourtant à l’heure de l’agonie, de la décrépitude physique aucune n’a su y faire face.
Le trio a donc engagé une jeune femme pour accompagner leur père dans ses derniers instants.
Celle-ci devient leur témoin, leur arbitre à leur de régler la succession et ordonnancer la dispersion des objets accumulés tout au long d’une vie.
Et si ce témoin, presque silencieux, avait, elle aussi, une idée différente du défunt ?

Entre émotions, tendresse et une pointe d’ironie, Philippe Blasband vise droit au cœur.
Sans jamais choquer, sans jamais juger, il parle de la mort et par là même, il pousse à la réflexion sur l’intime perception que chacun en a.
A chaque spectateur de plonger dans son vécu, dans ses douleurs et ses tabous pour combler le décor volontairement sombre et vide (simplement éclairé par les lumières de Xavier Lauwers).
Jacqueline Bollen, Michèle Schor, Claire Bodson et Muriel Jacobs défendent à merveille ce texte auquel on reprochera peut-être sa brièveté (70 minutes).

Mais face à cette déferlante de sentiments troublants ou dérangeants et malgré l’humour toujours sous-jacent de Philippe Blasband, quelques minutes supplémentaires n’auraient-elles pas été une inutile redondance ? L’essentiel a été dit et a atteint son but … Nous faire reconsidérer notre approche de la mort et … des vivants.

Spectacle vu le 07-03-2009
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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