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Moudawana Forever
Femmes, droits et devoirs, entre rires et larmes
Moudawana ForeverSujet généralement controversé, le droit des femmes varie d’un bout à l’autre de la Terre.
Ben Hamidou et Zidani nous proposent une série d’allers-retours entre la Belgique et le Maroc, pour découvrir la situation dans ce dernier, 4 ans après l'adoption par le pays d'une nouvelle loi, la Moudawana, qui offre plus d’autonomie et d'indépendance à la marocaine.
Tabous, héritages ancestraux et autres préjugés solidement ancrés dans les mentalités doivent désormais passer à la trappe pour laisser la place à plus de liberté de choix pour celle qui trop souvent a été considérée comme chose négligeable.

Un sujet prometteur qui commence avec les commentaires acides de deux petites vieilles, très papys râleurs du Muppets Show.
Elles viennent de gagner un voyage au Maroc.
Pour s’acclimater doucement, avant même de faire leurs valises, leur première étape sera Molenbeek et le salon de thé d’Aziz.

Sur écran, accompagnés de dessins de Philippe Geluck, ce sont leurs discussions, leurs a priori, leurs points de vue qui souligneront certaines évolutions apportées par la Moudawana (le divorce, la polygamie, l'âge légal pour le mariage).
En live, les deux humoristes évoqueront deux unions  belgo-marocaines et les réactions de l’entourage (d’ici et de là-bas).

Ce spectacle, vu le soir de la première, doit encore être un peu resserré ou recadré, mais ce premier jet se révèle déjà jouissif et décapant.
Au travers d’une série de saynètes, finement observées ou hilarantes, Ben Hamidou et Zidani pastichent, avec beaucoup de tendresse et de sensibilité, un univers qu'ils connaissent bien.
Si certains sketches sont de vraies perles de cocasserie, d’autres épinglent, avec beaucoup de pertinence, le fossé d’incompréhension entre les deux communautés.

Au-delà de la forme, le principal n’est-il pas que belgicains et maghrébiens, au coude à coude dans la salle, rient des mêmes choses, de la mère belge coincée, d’un blond Houbi naïf et énamouré  ou encore de deux jeunes sur la Place Liedts.Moudawana Forever
Moudawana Forever, sans critique vitriolée, sans prise de position exacerbée, distille, au détour d’un trait d’humour, une brochette de vérités qu’il est bon de répéter.
Outre cette morale discrète, on en retiendra, au travers d’une ironie caustique, mais jamais méchante, l’observation pointue et lucide de deux communautés qui, souvent, semblent bien peu se comprendre.
En guise de conclusion et hormis les applaudissements nourris qui ont salué le travail des deux artistes, le plus beau compliment était peut-être celui de mon voisin qui en voyant Zidani en djellaba s’effondrer en crise de nerfs s’est exclamé : On dirait ma mère !

Spectacle vu le 04-03-2010
Lieu : Espace Delvaux

Une critique signée Muriel Hublet

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