Alex Vizorek est une oeuvre d'art
Belge, diplômé de l’École Solvay, formé au journalisme à l’ULB, Alex Vizorek n’a pu résister à l’appel des planches.
Après le Cours Florent, par manque de scènes ouvertes à l’humour et de tremplin en Belgique, il fait ses premières armes à Paris et nous revient aujourd’hui pour
séduire ses compatriotes.
Si rire est le propre de l’homme, faire rire est un exercice difficile et subtil.
Alex Vizorek a choisi volontairement de se démarquer.
D’emblée, dès l’affiche, il se compare à une œuvre d’art.
Ce n’est certes pas modeste, mais ça annonce clairement la couleur.
Il a concocté une heure (le format classique des cafés-théâtres français) de délire intellecto-humoristo-culturel carrément hors des sentiers battus.
Il disserte (et dissèque l’) Art.
Pas de prise de tête, pas de tentative de nous culturiser à tout prix, non il explore par le petit bout de la lorgnette sans crainte de distribuer de généreux coups de griffe à un certain snobisme intellectuel et de petites piques acides.
Habilement, il déclare à l’envi : Je n’ai pas d’avis, je propose.
Et tout y passe dans un melting pot copieux, éclectique et chamarré : le Tirelipimpon de Carlos, Mort à Venise de Visconti, la pipe de Magritte, l’apprentissage des cymbales, la formation de proctologue, les œuvres de Marc Levy, Les Amis de Monsieur de Barbara, la famille royale, Lara Fabian, Rostropovitch, Luis Fernandez et bien d’autres.
Sous ses airs de gamin timide faussement maladroit, il est franchement habile et très pince-sans-rire.
Observateur critique, il juxtapose les contraires et les impensables.
Sans une once de masturbation intellectuelle, il jongle avec les mots, les paradoxes et les oxymores.
Dans une jolie série de grands écarts cocasses, il prône l’absurde pour démontrer l’inverse.
Inévitablement, Alex Vizorek surprend.
Il s’écarte allégrement des chemins de l’humour, souvent réduit aux éternels problèmes de politique, de couple et de société, pour nous proposer de rire au
trement et d’un sujet généralement considéré à tort comme rébarbatif : la Culture.
De prime abord, le thème peut faire peur, on ne peut donc que saluer l’audace de Vizorek et l’encourager à continuer.
Son sens de la formule est épatant, son jeu est généreux et fougueux.
Cette approche un peu différente, n’est pas toujours récompensée par de grands éclats de rire, Alex Vizorek est une œuvre d'art amuse, surprend et marquera pas mal d’esprits.
Gageons d’ailleurs que plus d’un spectateur ira vérifier l’existence de la Merda d'Artista ou d’Henri Bergson.
Spectacle vu le 05-10-2011
Lieu :
Théâtre de la Toison d'Or
Une critique signée
Muriel Hublet
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