Logo
Un fils de notre temps
Le miroir aux vérités
Un fils de notre tempsUn texte intemporel écrit en 1938 par Ödön von Horváth sert de trame à Coline Struyf pour sa première mise en scène.
Un fils de notre temps est le parcours douloureux d’un jeune chômeur qui trouve dans les théories va-t-en-guerre un but et un exutoire à son désoeuvrement et son sentiment d’inutilité.
Il va jusqu’au bout de ses convictions et s’engage sous les drapeaux.
Il découvrira les atrocités des combats et sera blessé.
Une fois revenu à la vie civile, sa réinsertion sociale sera particulièrement éprouvante.
Ce résumé lapidaire ne rend pas justice à la puissance des mots de von Horváth.  Ce dernier nous propose une biographie fictionnelle écrite avec beaucoup de justesse et de prescience en 1938.
Son originalité est son intemporalité.
Pas vraiment de lieux, ni de noms.
Les anonymes d’hier sont superposables à ceux d’aujourd’hui et surtout à ceux de demain.Un fils de notre temps
Ce tableau réalistement douloureux des traumatismes infligés à l’âme des jeunes soldats (mais aussi à celui des idéalistes déçus) trouve son amplification dans une mise en scène très sobre.
Dans un espace clos, quasi sans décor, mais avec le support de l’audio-visuel, Coline Struyf nous propose une vision épurée, presque froide, et par instants, mécanique.
Sa démarche va donc droit au cœur de l’émotion, sans s’embarrasser des fioritures, quitte malheureusement à imposer de longs monologues qui pour superbement pertinents qu’ils soient plombent un peu l’ambiance.
On regrettera cette froideur et cette raideur qui déséquilibre un ensemble malgré tout soigneusement étudié et travaillé tant au niveau visuel (vidéo de Tomas Matauko et éclairages de Colin Legras) que sonore (une superbe bande-son de Brice Cannavo).
Et pourtant la magie du théâtre et des mots fait son effet, difficile de ne pas être subjugué par la douleur qui étreint ce fils de notre temps (une excellente interprétation de Vincent Hennebicq), ni d’être pris aux tripes par sa révolte, ses blessures et sa lente déchéance psychologique.Un fils de notre temps

Cette plongée dans les méandres d’un cerveau tourneboulé qui à l’aube de sa mort revoit les évènements de sa vie dans une sorte de kaléidoscope fantasmagorique aux images télescopées se révèle être une déconcertante ambivalence séduisante (ou agaçante).
Le spectacle mérite le détour tant finalement il est le miroir de l’Homme de notre temps.

Spectacle vu le 20-01-2009
Lieu : Théâtre Océan Nord

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF