La Flandre pour les Nuls
Il vient du Nord, envoyé en mission de propagande par Geert Bourgeois (N-VA).
Son but : combler le fossé qui sépare les Communautés francophones et flamandes.
Ses armes : l’humour et une certaine autodérision.
Qui ?
Bert Kruismans, un chroniqueur radio, télé, et un humoriste bien connu en Flandre.
Dans La Flandre pour les nuls, il compare les différences nord et sud, montre les visions parfois très caricaturales que chacun a de l’autre.
Provocateur, il déboule sur le plateau le Vlaamse Leeuw en étendard.
Dans son français, avec un truculent accent à couper au couteau, il va essayer de nuancer les multiples préjugés qui nous séparent.
Telle la morgue flamande qu’il explique ainsi : Nous, les Flamands, nous ne sommes pas arrogants, nous sommes riches! Ce n’est pas la même chose.
Son propos reste tout aussi pertinent tant en parlant du devoir d’intégration que de la tendance du sud à considérer le nord peuplé de copies de Bart de Wever.
Mais ce n’est qu’un prêté pour un rendu, car quand, en habitué du spectacle politique (en langue de Vondel), il épingle Michel Daerden et José Happart, ne fait-il pas de même en caricaturant deux messieurs dans lesquels la Wallonie peine parfois à se reconnaître elle-même.

Pendant plus d’une heure, ce diable d’homme va donc revisiter notre belgitude à coup de leçon de flamand, de mixité des couples ou de barbecue fédérateur.
Truculent, il parodie et égratigne à tout va et le rire est clairement au rendez-vous.
Malgré tout, par instants, il est difficile de ne pas trouver le propos réducteur ou d’avoir du mal à appréhender les raisons de l’influence d’Ikea sur la cohésion des couples.
Inévitablement on verra surgir Albert II (en pantoufles croquignolettes) et on se demandera, une fois de plus, pourquoi diable il est impossible d’assister à un show humoristique qui ne trouve pas obligatoire de programmer un pastiche royal.
Si tout n’est pas parfait, on ne peut cependant pas nier le talent de Bert Kruismans.
L’artiste s’adapte à son public, le fait participer et rebondit selon les rires ou les remarques qui fusent.
Le pari est donc gagné, les rieurs sont là, les rires fusent en cascade.
Et si on ne rit pas de tout, si on grommelle parfois et si on commente certains propos à la sortie du spectacle, ce n’est finalement qu’une preuve de plus de l’impact de La Flandre pour les nuls, Bert Kruismans touche là où c’est le plus sensible, nos préjugés.

Spectacle vu le 08-12-2009
Lieu : Espace Delvaux
Une critique signée Muriel Hublet

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