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Eva Peron
Personnage emblématique des années 50, Eva Duarte, la femme du président argentin Juan Perón, Santa Evita comme la surnommait le peuple a défrayé la chronique tant pour l’adulation qu’elle a provoqué que pour son entourage douteux, la proximité avec les milieux nazis et sa fortune abondante.

Remise un peu à l’avant-plan par la comédie musicale ou le film de Madonna, ses extravagances, son mépris, sa folie, sa mégalomanie, ses excentricités, son comportement de croqueuse d’homme tout a été dit et caché à la fois.
Ses différences et ses extrémismes laissent place à toutes les divagations et interprétations.

L’insolent exilé argentin Copi ne pouvait qu’en faire une farce presque macabre.
Il crée dans l’appartement d’Eva perron une sorte de huis clos à quelques heures de la mort presque prématurée de la diva des pauvres.
Presque sanctifiée par certains, adorée, adulée, honnie, objet de dévotion ou de haine, la jeune femme s’est éteinte à 32 ans, victime du cancer.
Après une vie réelle aussi trépidante, Copi lui a inventé une fin qui n’est pas en reste et qui cadre avec les écarts du personnage.

Malade, solitaire, Eva a peur.
Elle ne veut pas mourir, elle veut garder l’emprise sur tout et tous.
Sur son mari, sur sa famille, sur son entourage, sur le peuple, sur sa dépouille, elle tente de tout prévoir de continuer à être, à paraître dans un effort tout à la fois pathétique et presque malveillant de méchanceté tyrannique et gratuite.

Sandra Delmiche,  Frédéric Genovese et  Jennifer Lallemand se sont appropriés le texte de Copi.
Ils lui insufflent un petit côté kitch supplémentaire en faisant de l’acteur une Eva Perron féminine à souhait.
Une dissonance volontaire de plus pour accentuer le côté trouble de la grande dame.
Les notes du tango résonnent, les propos ont la noirceur de la tenue des danseurs, le tragique fait suite au kitsch des envolées de dentelles, entre la lenteur d’une agonie qui n’en finit pas et l’ardeur d’une vie qui ne veut pas s’éteindre.
A l’image de la danse lascive et presque érotique, le trio réussit à créer l’impression mais pêche par un petit manque de puissance, la langueur et la moiteur sont là, manque juste le peps et les martèlements des talons pour parfaire ce ballet  morbide et burlesque à la fois.

Gageons avec certitude qu’ils prendront très vite le rythme qui fait encore défaut pour nous offrir une Eva Peron sulfureuse et cynique à souhait.

Spectacle vu le 17-02-2008
Lieu : Théâtre du Grand Midi - XL

Une critique signée Muriel Hublet

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