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Troubles: ô! iiii! ah!
Bouts de ficelle et fantaisie
Un homme et une femme, elle en longue robe blanche, lui en smoking.
Des mariés donc ?
Peut-être…
Cette image d’Épinal vole en éclat (de rire) dès qu’on remarque leurs chapeaux… des bonnets de bain !

Ils sont enfermés dans un cercle de sable, clairement délimité par des lampes de fête foraine.
Ils sont comme dans leur propre univers.
Agnès Limbos et Gregory Houben nous proposent une incursion dans leur monde étrange.  Nous y sommes, tout à la fois, spectateurs et créateurs.
Ils nous montrent ou créent devant nous, par le mime, les mimiques ou l’utilisation d’objets du banal quotidien (soigneusement choisis malgré tout), des images que chacun interprétera selon son humeur, son humour ou sa sensibilité.
Entre mots simples, regards et gags visuels, ils naviguent entre français et anglais (très compréhensible par tous) pour nous proposer l’histoire, au fil conducteur ténu,  d’un soir de noces à New York.
Sur fond de jazz (Gregory Houben à la trompette), nous suivons les mariés de la réception au trajet en voiture dans la ville enfumée, de l’arrivée à l’hôtel à la découverte de la chambre nuptiale, … 
Bruitages, paroles simples, gestuelles, poupées, petite voiture, cresson en plastique, mobilier de Barbie, mégaphone ou bougies seront tout à la fois décor et intervenants, ils précisent le récit ou en soulignent son étrange perversité.
Que l’on prenne ce conte au premier degré, qu’on y perçoive une menace existentielle (dans la météorite suspendue au-dessus du couple), qu’on y note l’importance de la solitude dans la multitude, chaque approche est correcte, différente et incomplète, tant les pistes d’interprétation sont multiples (peut-être autant qu’il y a de spectateurs chaque soir.

Nostalgie, amour, mélancolie, fatalité, peurs ancestrales, phobies, incompréhensions, croyances, incertitudes, tout s’évoque ici, tout s’insère dans le cercle de sable, pour créer un spectacle inattendu, rafraîchissant et original.
Léger et éphémère (25 minutes seulement), Ô a le charme irisé, éthéré et délicat des bulles de savon, de petits microcosmes qui voltigent délicatement au gré du vent ou du souffle des spectateurs.

Spectacle vu le 24-04-2008
Lieu : Théâtre de la Balsamine

Une critique signée Muriel Hublet

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