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Avalanche
Avalanche Fable poétique sur les dérives du pouvoir et sur l’emprise des traditions, Avalanche nous transporte en Anatolie.
Dans un village cerné de montagnes, les habitants vivent dans la terreur.
Son oppresseur : le risque d’avalanche.
Pour y survivre, pour éviter d’être ensevelis, ces villageois ont instauré la loi du silence.
Neuf mois sur douze, tout se fige et le moindre bruit est interdit.
La vie est donc sévèrement réglementée.
Pour la survie de tous, des règles très strictes ont été établies et régentent tout, même le sexe et les naissances.
Ainsi, aucun accouchement ou nourrisson n’est autorisé pendant la période hivernale.
Si une femme doit accoucher avant la fonte des neiges, elle sera enterrée vivante pour éviter que ses cris et ceux de l’enfant ne provoquent la chute tant redoutée.
Tuncer Cünenoğlu, auteur turc, a concocté un texte qui sous des couverts de fiction nous interpelle sur plusieurs thématiques.
Son petit village est une sorte d’état totalitaire (comme il en existe beaucoup trop de par le monde).
Sa population est soumise et s’est créé, au fil du temps,  une série de règles autoprotectrices.
Mais que se passe-t-il quand souffle un vent de rébellion ou que tradition et immobilisme s'opposent à évolution ?
La scénographie de Zouzou Leyens recrée une de ces maisonnettes.
Nous n’en verrons que la salle de séjour, la cuisine et la chambre du jeune couple par qui le scandale va arriver.
La mise en scène d’Isabelle Gyselinx instaure d’emblée une atmosphère étouffante.
Pendant près de vingt minutes, quasi pas un mot ne sera prononcé.
Les déplacements silencieux et volontairement surjoués accentuent la perception d'êtres pétrifiés, comme tétanisés par la terreur.
Ce choix scénique peut provoquer un léger sentiment d’ambivalence vis-à-vis du spectacle.
On peine à y adhérer pleinement, on a parfois l’impression d’une amplification des personnages, mais cette dernière non désagréable permet à un certain humour de se dégager et évite ainsi l’ambiance pesante d’un huis clos.Avalanche
Paradoxalement, on s’attache à ce grand-père bougon, blessé par la vie (Bernard Graczyk); à cette grand-mère roublarde; à ce père (François Sikivie) coincé entre parents et épouse, qui tente de ménager son petit monde; à cette mère bourrue, épuisée par son existence étriquée, faite de renoncements; à cette femme enceinte (Sarah Brahy) qui craint l’enfantement et vit dans la terreur d’accoucher prématurément ou encore à ce futur papa prêt à tout pour sa compagne et le bébé qu'elle porte, quitte à prendre les armes et à entrer en rébellion contre tous.
Un texte intéressant et interpellant qui prône la liberté de pensée et le libre arbitre.
Pas de héros, pas de gesticulations grandiloquentes simplement des hommes et des femmes confrontés aux doutes et aux remises en questions de ce qui a été la base même de leurs existences.
Leurs choix seront douloureux et les placeront face à eux-mêmes et à leurs responsabilités.
A voir, à méditer pour oser nous libérer de nos carcans, pour pousser enfin, nous aussi, un cri libérateur.

Spectacle vu le 06-03-2010
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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