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Mort si j'veux
Mort si j'veux Quelle est la mère qui comprend ce qui se passe dans la tête de son adolescent ?
Quel est le père qui peut se vanter d’avoir avec lui (ou elle) des relations harmonieuses ?
En général, quand on écoute les parents, tous parlent de conflits, de colères pour des raisons souvent confuses, de réactions vives fréquemment incompréhensibles.

L’ado se dira incompris, criera sa révolte envers une société dans laquelle il ne trouve pas sa place tout en continuant à gober les contes de fées télévisuels du style Star Ac et autres pourvoyeurs de rêves inaccessibles.
 
Mort si j’veux tente d’apporter, par le théâtre, un éclairage sur ces thèmes (porteurs) et surtout il met en exergue la violence chez les jeunes.

 François Clarinval (à l’écriture) et Jean-Fançois Noville (à la mise en scène) nous entraînent à la suite de  Dylan, Juliette, Jasmine et Erika en plein pétage de plombs.
Tout commencera par une séance de danse endiablée et copieusement arrosée, passera par la phrase qui fait froid dans le dos J’ai débranché ma mère pour s’engager vers une sorte de road-movie confus et cacophonique.
Le plateau va se transformer en terrain de camping improvisé, deux tentes apparaissent, le sol se jonche de déchets de fast-food et les ados partent dans une série de trips parodiques.
Les saynètes, pièces de puzzle qu’il faudra assembler (vaille que vaille) pour percevoir les raisons de cette folie collective, s’enchaînent, fougueuses et un peu brouillonnes, pour tenter de révéler les états d’âme et les souffrances des quatre compères.
Scènes de vie, morceaux de vidéo (espérons-le volontairement mal cadrés et tremblotants) présentés sur un écran trop petit pour les spectateurs du fond de la salle, et sketches décalés (espèces de caricatures de leurs parents) vont donc alterner dans une valse tourbillonnante et désordonnée.

La dernière partie, sorte de catharsis, fera intervenir un père débonnaire et permettra ainsi à certaines explications sur cette rébellion chaotique, ces gesticulations, séances d’auto-mutilation, jeux de rôles et autre bataille de pistolet à eau de surgir.Mort si j'veux

Mené à du 200 à l’heure, Mort si j’veux se fourvoie (ou égare les spectateurs) sur des chemins de traverse très clichéïstes (famille décomposée, droit à la liberté, reproche à leurs géniteurs de souhaiter vivre la leur ou encore transformation de ces derniers en obsédés de cybersexe…).

La scénographie dépouillée et trifrontale de Didier Payen offre un bel espace aux comédiens.
On déplorera que cette énorme profondeur prive une partie du public d’une proximité avec les jeunes acteurs.
Certains ne pourront donc apprécier à leur juste valeur l’engagement physique, le travail gestuel, les regards, la complicité entre Laure Bronkart (formidable Erika), Pascaline Crevecoeur (fragile et féroce Juliette),  Nabil Missoumi (Dylan,  épatant écorché vif) et Caroline Prévinaire (drolatique Jasmina).
La précision millimétrée des dernières minutes de la pièce quand Gaël Maleux (impeccable père paumé) est roué de coups dans une explosion de brutalité sadique et sauvage aux tenants et aboutissants pas toujours clairs échappera également à beaucoup.

Dommage aussi pour les cinq comédiens que leur investissement, leur fougue et leur générosité de jeu soient effacés par une mise en scène brouillonne, surexcitée, faite de bruits, de cris et d’éructations  et un texte qui trop souvent se contente de touiller  les évidences qui bouillonnent dans le chaudron de violence là où la présentation du spectacle laissait espérer un éclairage différent à défaut d’être nouveau

Spectacle vu le 17-11-2009
Lieu : Théâtre de Poche

Une critique signée Muriel Hublet

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