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Le complexe de Thénardier
Le prix de la liberté
Dans un pays indéterminé, quelque part à l’Est, deux femmes confinées derrière des fenêtres calfeutrées, derrière une porte qui étouffent les bruits de bottes, les coups de canon et les rafales de mitraillette.
Qui sont-elles, peu importe, mais très vite va se dessiner leurs positions respectives.
La plus âgée, directive et incisive, a recueilli, une nuit de raid ethnique, la plus jeune, en fuite, pLe complexe de Thénardier-Muriel Legrand -Christiane Pasquierourchassée par une meute assoiffée de sang et de tueries.

Depuis cet heureux ou funeste soir, Vido, la petite, sert de domestique, taillable et corvéable à merci, emberlificotée dans une incommensurable reconnaissance, dans une humilité de tous instants.
Mais ce matin, la liberté tenaille la femme enfant, elle veut ouvrir la porte, rechercher les siens, car la guerre est finie dit-elle.
Dans un discours confus, elle quémande, pour ainsi dire, ce droit de sortir.
Mais sa sauveuse, sa logeuse, ne l’entend guère de cette oreille.

Un peu comme le syndrome de Stockholm engendre d’inconcevables rapprochements otages-kidnappeurs, Le complexe de Thénardier évoque un troublant asservissement et une retorse dépendance psychologique.
Le texte du béninois José Pliya se complexifie encore d’une déroutante relation quasi filiale entre les deux femmes.

Vido a décidé de briser ses chaînes morales et va déclencher un monstrueux maelstrom de sentiments.
Sa souffrance fait écho à celle de Tantie, mère exténuée qui se sacrifie pour nourrir la maison.  Elle a trouvé dans ce marché un peu odieux le moyen de retrouver son luxe d’enfance, le plaisir d’une maisonnée impeccable.
Voir partir Vido serait donc pour elle un véritable drame.

Dans un duel sans merci, la belge Muriel Legrand et la Québécoise Christiane Pasquier s’affrontent et se déchirent. 
La plus jeune, drapée dans un touchant  simplisme borné, va tenter de parer les attaques virulentes ou perfides de son aînée.
La première bégaye, s’excuse et se tortille les mains de confusion tandis que la seconde tempête, hurle, quémande ou fait du chantage.
Dans une telle confrontation, seules la souffrance et la douleur seront gagnantes
Le complexe de Thénardier-Christiane Pasquier
Dans une mise en scène volontairement discrète, le québécois Denis Marleau accorde, avec raison,  toute la place au texte et au talent des comédiennes.
Cette coproduction belgo- québécoise laisse derrière une pénétrante et captivante aura de douleur, de volonté, et de dramatique vérité.
Servi par l’interprétation sans faille de Muriel Legrand et de Christiane Pasquier,
Le complexe de Thénardier parle droit au cœur et interpelle par la puissance des sentiments, il transcende  le contexte de l’épuration  en esquissant tout aussi subtilement la dérive de certaines relations mère fille.

Spectacle vu le 16-10-2008
Lieu : Théâtre Varia - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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