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Nuit blanche
Tailleur gris strict, talons qui claquent et cheveux tirés en arrière, Chloé (Cloé Xhauflaire) part en virée.
Elle va vivre sa Nuit Blanche, s’éclater, se libérer, enfin exister.
Pour cela, elle commence par rouler à tombeau ouvert dans les rues de la ville.
Les idées bouillonnent dans son esprit avide de bouleversements, de changements.
Les mots font de même, ils jaillissent presque incontrôlables, se percutent, se télescopent dans une poésie étrange, entre rêve et réalité.
Nuit Blanche
Elle parle, elle crie, elle pense, elle perçoit, elle se souvient, elle tente d’oublier.
Obsessions, peurs, c’est une vie en déroute qui s’est assisse derrière le volant.
Une femme perdue, égarée dans la grande vie, une enfant dans un costume de grande personne.
Une gamine qui a arrêté de grandir un jour, au retour d’un séjour à la neige.
Une gosse qui depuis n’arrive plus à s’assumer, à s’accepter.
Elle est le reflet de la femme parfaite, de l’employée modèle, mais elle cache de profondes fêlures et sa vie privée est un désert affectif.
Plus qu’un pétage de plomb, cette Nuit Blanche sera sa révélation…

Sous les traits de Peggy (Gwen Berrou), le passé va ressurgir.
Amie de toujours, elle va tempérer les ardeurs de Chloé, elle va jouer la voix de la raison, apaiser les angoisses et accompagner son amie sur le chemin de la sérénité.

D’aller simple pour une Nuit Blanche, Chloé va prendre un aller-retour pour la vie.
Elle va affronter ses démons intérieurs, faire la paix avec son passé,  se libérer de ce carcan qui l’englue pour devenir enfin femme dans un corps de femme.

D’un abord pas toujours évident, Nuit Blanche se veut impressive, sensitive et s’écoute autant qu’elle se perçoit.
Pour accentuer cette irréalité, cette intemporalité, le décor est quasi inexistant et totalement neutre.
Un drapé noir autour de la scène et une sorte de tréteau au milieu.
Tout se joue avec les sons des voitures et surtout avec les lumières.(lumières : Nuit Blanche Julie Petit Etienne et son  : Anne- Sophie Papillon)
Flash, éclairs, gyrophares, lampe de poche, les effets se marient pour accentuer cette impression floue d’assister à un moment privilégié, d’être là comme en intrus comme subrepticement glissé entre deux parenthèses.
Vincent Lécuyer triture les mots, les pétrit, les décline, les permute, les retourne dans une sorte de jonglerie fantastique.
Surprenante, étrange, séduisante, cette Nuit Blanche est pleine de contrastes.
On y appréciera le lumineux sourire de Gwen Berrou, sa présence rassurante et son ton apaisant qui s’oppose à la fougue et à la violence de Cloé Xhauflaire.
Si certaines scènes de cette dernière, séduisent comme ce trip dans l’escalier, d’autres paraissent excessives dans les cris et les frustrations de cette femme-enfant. Une première ébauche plus que prometteuse d’un spectacle qui ne devra plus subir que quelques retouches pour livrer toute sa force poétique, son intensité dramatique et son interpellant intérêt.

Spectacle vu le 26-11-2007
Lieu : Chapelle de Boendael

Une critique signée Muriel Hublet

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