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Nuit avec Ombres en Couleurs
Nuit avec Ombres en Couleurs L’écrivain Paul Willems nous a quitté il y a dix ans déjà.
Un anniversaire qui devait se fêter au Théâtre du Méridien.
Problèmes budgétaires obligent, le metteur en scène Frédéric Dussenne a trouvé refuge au Théâtre de l’Ancre pour nous proposer Nuit avec Ombres en Couleurs.
Il fait des mots de son père spirituel un songe poétique, délicat et éthéré.
Sur une scène vide, avec pour seul décor un plancher incliné truffé de trappes (une scénographie de Vincent Lemaire), il associe six jeunes à trois comédiens chevronnés.
Dans la petite salle carolorégienne, le rêve et la réalité s’entremêlent dans une intimité inexplicable et singulière, une impression renforcée par les costumes insolites de Lionel Lesire.
Pendant cette nuit de tous les espoirs, de tous les chagrins, de toutes les Nuit avec Ombres en Couleurs remises en question, les destins vont s’entrecroiser sous les lumières tamisées (Renaud Ceulemans),  s’estomper dans les volutes de brume, se frôler au son du clapotis de l’eau, danser au rythme des musiques de Pascal Charpentier, virevolter comme des gouttes de pluie bercées par la pluie.
Un chat et son ombre (Pierre Verplanken, Vincent Hennebicq) évoquent un drame familial, celui de Vincent (Alexandre Dewez) absent, enfermé dans les murs de son esprit, depuis la mort de son amie, la présence de Josée (Janie Follet), sa sœur dictatrice, jalouse, exclusive, incestueuse,  qui le mène par le bout du nez et l’enferme… pour son bien.
D’ombre, il sera encore question avec Bella (Julie Leyder), femme fragile, négligée qui vit dans le souvenir de son petit garçon trop tôt disparu (personnifiés par Marion Hutereau).

Naissance d’un amour, esquisse d’un espoir, ombre d’un espoir ?
Qu’apportera cette improbable rencontre ?
Au côté éthéré de ces enfants, tout au moins moralement s’oppose l’incongru et amusant réalisme de trois adultes au passé chargé de secrets (Pascale Vyvère en riche bourgeoise, Bernard Sens et Thierry Hellin en amants serviles).

Nuit avec Ombres en Couleurs S’il faut quelques minutes pour pénétrer dans l’univers subtil de Paul Willems, s’il faut se laisser le temps de percevoir sa magie, son surréalisme poétique et toute la finesse de sa beauté fragile, presque désespérée, c’est pour mieux en savourer ensuite toutes les inflexions, les infimes variations comme autant de petites perles d’embrun qui viennent lécher le bord de notre cœur et de notre sensibilité.

Spectacle vu le 09-11-2007
Lieu : L'Ancre

Une critique signée Muriel Hublet

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