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Seule dans le noir
Un huis clos pour lunettes noires et canne blanche …

Audrey Hepburn, Annie Girardot et … Stéphanie Moriau
Seule dans le noir - Comédie Claude Volter Certains se souviendront peut-être d’Audrey Hepburn dans ce rôle de jeune aveugle terrorisée par une bande gangsters et apprécieront de retrouver sur les planches ce huis clos qui a fait les belles heures du cinéma hollywoodien.
Cette pièce de Frederick Knott (Le crime était presque parfait, Mr Fox de Venise, Guêpier pour trois abeilles), créée à Paris en 1966 (avec Annie Girardot dans le rôle de Suzy),  n’a été jouée chez nous que deux fois (en 67 et en 81).
Cette série de représentation à la Comédie Volter est donc pour beaucoup de renouer ou d’enfin découvrir un genre plutôt rare sur nos scènes, le policier.

La championne des aveugles
Suite à un accident, Suzy est aveugle depuis un an.Seule dans le noir - Comédie Claude Volter
Son mari, Sam, la pousse à l’indépendance la plus totale, à être, comme il le dit lui-même, la championne des aveugles.
Son quotidien va être perturbé par l’irruption de malfrats à la recherche d’une précieuse poupée.
Pour arriver à leurs fins, ils vont ourdir un véritable scénario pour pousser la jeune femme à en révéler la cachette.

Les sixties et leurs réalités
Pour le metteur en scène Toni Cecchinato,  la gageure se révélait multiple.
L’action se situe dans les années 60.
Faire oublier aux spectateurs un GSM devenu aussi naturel que de respirer est loin d’être évident.
De même, proposer un scénario basé sur une manipulation psychologique là où aujourd’hui tout se raccourcirait à une violente paire de gifles et quelques minutes de tortures est-ce encore concevable ?
Le pari est réussi.
Le public se laisse prendre au jeu d’un polar qui a un délicieux accent de nostalgique désuétude.

Intrigue et comédiens
D’emblée la scénographie soigneusement créée par Christian Guilmin, son souci des détails et des accessoires, titilleront donc à coup sûr certaines mémoires, mais combleront d’aise tous les amateurs de décors réalistes.
La pièce de théâtre ne rend heureusement pas la même impression que le film.
Point ici de longSeule dans le noir - Comédie Claude Volter ueurs de texte, tout semble presque couler de source.

Côté jeu des acteurs, la plus grosse difficulté était pour Stéphanie Moriau.
Jouer l’aveugle est loin d’être une évidence.
Elle a dû apprendre des gestes et des manières de se repérer propres aux non-voyants.  Elle se doit ensuite de les restituer visuellement de manière crédible
Elle y réussit pas mal du tout, même si le scénario de Frederick Knott lui fait parfois jouer la naïve là où une non-voyante réelle ne s’y laisserait pas prendre (Suzy  traverse son appartement sans se rendre compte de la présence d’intrus à quelques centimètres d'elle).
Le seul véritable reproche que l’on peut lui faire est de ne pas parvenir à transmettre, de manière constante, peurs et terreur.
A ses côtés, on épinglera avec plaisir la prestation (trop courte ) de Jacques Viala (Monsieur Roat) et l’impeccable de Nicolas Pirson en un Mike perfide et humain.  Tandis que Frédéric Dezoteux se révèle intéressant dans son petit rôle de Carlino et Stepfanie Vanden Broeck attachante dans celui de Gloria ; Bernard d’Oultremont est Sam, le mari de Suzy, Serge Zanforlin et Simon Willame les deux policiers.Seule dans le noir - Comédie Claude Volter


Manipulation et duplicité sont au rendez-vous d’un suspense policier qui rafraîchit agréablement nos habitudes théâtrales.
Original dans sa thématique, ce huis clos vicieux fait s’affronter la candeur d’une jeune aveugle au machiavélisme retors d’un tueur impitoyable en opposant le courage, la volonté et l’inventivité à la cruauté d’une abjecte violence.

Spectacle vu le 27-09-2008
Lieu : Comédie Claude Volter

Une critique signée Muriel Hublet

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