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L'homme au miroir (théâtre décomposé)

Poésie cocasse en absurdie
L'homme poubelle (théâtre décomposé)Matei Visniec, auteur d’origine roumaine, se caractérise par un style ironique, fantasmagorique et surréaliste.
Dans la plupart de ses textes, il tente de dénoncer par l’absurde la déshumanisation de la société qui provoque isolement, solitude, impossibilité à communiquer et engendre une intense soif d’amour.
L’originalité de son écriture théâtrale est d’être faite de courtes fables qui laissent toutes les latitudes au metteur en scène.
Il y pioche à son gré et les présente dans l’ordre qu’il désire.  De plus, l’univers onirique imaginé par Visniec permet une adaptation aux décors les plus sobres comme les plus alambiqués.
Eric De Staercke, pour ses 12 saynètes, nous installe autour du cercle de craie protecteur qui éloigne du monde et de ses agressions pour nous ouvrir une boîte de Pandore emplie de papillons carnivores, de marathoniens qui ne peuvent s’arrêter de courir, de vers philosophes, d’hommes-poubelle, de cafards complices, de miroirs parlants, …
Principalement sous forme de monologues ces différents modules vont surprendre tant par leur ton totalement décalé, qui fait pourtant référence à de nombreuses et douloureuses fêlures de notre quotidien, que par leur désenchantement poétique.

Dans cet univers étrange et parfois oppressant, on ne peut donc que louer le travail d’Eric De Staercke.  Sa mise en scène discrète, mais inventive, crée une série de clins d’œil visuels, très simples (en apparence) ou d’intermèdes musicaux live qui sont comme des oasis de fraîcheur, des petites pluies bienfaisantes dans cet microcosme biscornu dédié à la folie des hommes.

S’il faut le temps d’une ou deux saynètes, pour prendre la pleine mesure d’un auteur très brechtien, qui veut nous sensibiliser aux dérives de notre temps, on ne peut pourtant qu’applaudir la prestation des comédiens.L'homme poubelle (théâtre décomposé)
Si Christian Labeau se révèle superbe dans ses compositions de personnages lunaires et exaltés, le jeu de Pierre Poucet se décline sur plusieurs gammes et permet au public de mieux découvrir et apprécier un jeune acteur aux grandes potentialités.
L’élément féminin du trio, Héloïse Meire, outre ses interventions à la flûte traversière, s’en sort honorablement face au talent  de ses partenaires.

L'Homme Poubelle ou Le Théâtre Decomposé  est comme regarder à travers une loupe grossissante et déformante.  Le spectacle décalé et dérangeant nous plonge dans une absurdie poétique qui se veut conscientisante sous son costume de cocasserie absurde et de doux délires .

Spectacle vu le 14-08-2009
Lieu : Festival Royal de Spa (Salon Gris)

Une critique signée Muriel Hublet

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