STIB - Suite de Trajets Infra-humains Balisés
Geneviève Damas quitte le monologue pour se lancer, avec succès, dans un fameux duo dans ce texte S.T.I.B. Suite de Trajets Infra-humains Balisés.

Si vous avez aimé Molly à vélo et Molly au château, vous ne pourrez qu’adorer S.T.I.B.
S’il garde une belle pointe d’humour, il plonge lui aussi (très profondément) ses racines dans l’émotionnel et la sensibilité.
L’auteure et actrice dit avoir imaginé un numéro de clown au féminin, une confrontation entre l’intelligence retorse et le naïf bon sens.

Et il faut avouer que l’opposition de ces contrastes fonctionne superbement.
Eva, Isabelle Defossé, la littéraire, vit de petits boulots une existence étriquée mal assumée.
Larguée par son mec, elle se retrouve enceinte.
Malgré tout, elle continue à traverser la vie avec ses œillères et autres préjugés.
Magda, Geneviève Damas, fruste et généreuse a des allures de pit-bull.
Abandonnée, elle a connu l’orphelinat et une jeunesse sans amour.
Illettrée, complexée et même si elle a des avis sur tout, elle est comme un chiot qui cherche les caresses, l’amitié et est même prête pour cela à vivre quasi par procuration.

Cette collision de deux univers, de deux personnages aux angles nettement marqués, nous offre une heure dix d’un spectacle très équilibré, qui alterne judicieusement rires et émotions.

La mise en scène de Janine Godinas discrète en apparence, laisse la part belle au jeu de Geneviève Damas et d’Isabelle Defossé et exploite adroitement les particularités dynamiques du décor de Christine Flasschoen.
Composé d’un plancher tournant de trois mains-courantes et de sièges amovibles, il recrée la parfaite illusion du mobilier de tout tram qui se respecte (graffitis et autres détériorations en moins)
L’utilisation du plateau tournant et le déplacement des chaises modifient la perception, accentue un angle de vision, un trait de caractère, une mimique ou une douleur à chaque saynète.

Si ce processus répétitif en énervera certains, il est difficile pourtant d’imaginer une autre possibilité pour permettre aux comédiennes de courts changements de costume, de marquer l’évolution du temps et de nous donner l’impression de percevoir le récit sous différentes facettes.
Mais les oreilles se consolent aisément de ces intermèdes grâce à la musique, inédite, mais comme familière, tout à la fois délicate et primesautière de Jean-Philippe Collard-Neven.

Geneviève Damas et Isabelle Defossé, sous la direction de Janine Godinas nous offrent donc un joli moment d’émotion, dans une pièce qui nous replace discrètement face à nos préjugés et aux souffrances qu’ils peuvent causer dans le cœur et l’esprit des autres.

Leçon de vie, de générosité et de tolérance, servie par un duo de premier ordre, S.T.I.B sera, certainement, un des musts de cette saison 2009-2010.

Spectacle vu le 22-08-2009
Lieu : Festival Royal de Spa (Salon Gris)
Une critique signée Muriel Hublet

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