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Mister Bates
L’antichambre infernale
Une porte close derrière laquelle se terre un P.D.G. en plein pétage de plombs.
Devant cette barrière grouille l’inhumanité des businessmans.
Le vice-président, la directrice exécutive et le directeur financier vont littéralement camper, prier, supplier ou ramper dans l’espoir d’une audience ou même d’une seule minute d’attention.
Valérie Lemaître nous dresse le portrait vitriolé du monde des affaires.
Elle présente ces évidences (non dénuées de pertinence ou de véracité) dans une version amplifiée aux tonalités satiriques et décapantes.
Son synopsis a un aspect un peu haché, presque kaléidoscopique et sa mise en scène est clairement faite pour provoquer les rires.
L’homme et sa personnalité (dévoilés sous forme de confidences en aparté) se diluent dans un récit pas toujours cohérent ou évident.
Ce qui laisse l’impression que la recherche d’humour prédomine sur la logique narrative.
Ainsi, les dialogues et l’utilisation d’un jargon professionnel aux relents très anglophone, les escarmouches verbales et autres coups de Jarnac qui s’extériorisent en véritables ballets-pugilats bien réglés ou l’esprit d’entreprise qui devient une danse disco créent une vision un peu iconoclaste et pas du tout déplaisante.
Mais le tout souffre, par instants, d’une certaine inconstance dérangeante (ou volontairement provocante ?).

De Mister Bates, on retiendra surtout le jeu énergique des acteurs en épinglant tout particulièrement la performance physique de Ingrid Heiderscheidt en attendrissante secrétaire nunuche.
Au-delà donc de ces impressions d’inabouti ou de mal ficelé que l’on peut reprocher au contenu de la pièce, on appréciera pourtant la mise en scène précise et rythmée, axée sur la gestuelle et le drolatique des postures conçues par Valérie Lemaître.

Servi par cinq comédiens généreux et dynamiques (Claire Bodson, Monia Douieb, Ingrid Heiderscheidt, Michelangelo Marchese et Clément Thirion) Mister Bates décrit un univers cynique, impitoyable et insolemment caricaturé.  Un spectacle amusant, qui s’il loupe, peut-être, le volet dénonciation, réussi à marquer les esprits par son ironie et son côté frondeur.

Spectacle vu le 08-09-2009
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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