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Rain Man
Inutile d’évoquer les tribulations de Charlie Babbitt, jeune loup aux dents longues qui va prendre une leçon de vie en découvrant à la mort de son père qu’in a un frère aîné autiste, Rain Man a été un des plus gros succès du cinéma des années 80, récompensé par quatre Oscars dont ceux du meilleur film et de meilleur acteur pour Dustin Hoffman.
Qui aurait oser penser possible sa transposition au théâtre ?
L’anglais Dan Gordon l’a cependant adapté avec bonheur pour la scène londonienne en 2008.
Michel Kacenelenbogen nous le propose aujourd’hui en français.

Si le pari paraît fort risqué, le résultat est, ne mégotons pas, remarquable.
Et pourtant, on imaginait mal quelqu’un se glisser dans la peau de Raymond (inoubliable Dustin Hoffman), ni voir l’image de Tom Cruise remplacée par un autre.
Jean-Michel Balthazar adopte la démarche maladroite, les épaules tombantes, le visage inexpressif,  un parler atone.  Il est Raymond, sans faillir, sans perdre le personnage un seul instant, mieux même, sous les applaudissements nourris du public il semble peiner à s’extraire du rôle.
Mais la performance est la durée.
Au cinéma, chaque scène est tournée plusieurs fois pour atteindre la perfection et au rythme de quelques prises journalières.
Sur les planches, pas de possibilité de recommencer, c’est du direct live, sans filet.
On ne peut donc que saluer ce travail remarquable.
À ses côtés, Damien Gillard incarne  avec brio toute la subtilité de  Charlie
Babbitt tant dans ses silences torturés que dans ses colères de frustration.
Il rend toute la complexité d’un yuppie arnaqueur aux valeurs totalement faussée qui va voir son existence moralement chamboulée.

A leurs côtés, Maria Del Rio est Susanna, la petite amie de Charlie (et occasionnellement la chanteuse de Las Végas, même si dans ce rôle on déplorera ne pas retrouver son talent et son allant bien connu sur d’autres scènes), Pierre Geranio est Vern le docteur responsable de Raymond, Freddy Sicx et Aylin Yay incarnent secrétaire, serveuse, prostituée, avocat, policier, expert-psychiatre.
A eux six, les comédiens sont aussi chargés des manipulations de décors (Vincent Lemaire et Olivia Barisano) et de rideaux.
C’est donc une mécanique précise, bien huilée et performante, que Michel Kacenelenbogen a concoctée juste pour nous séduire, voir nous subjuguer.
Fait de courtes scènes efficaces et riches en émotions, sa version théâtre de Rain Man ne manquera ni d’amuser par ses remarques drolatiques ni, sans excès et de la sentimentalité, de nous offrir un spectacle bouleversant, humain et en prime, une très belle leçon de tolérance envers l’autre, le différent.

Spectacle vu le 10-11-2009
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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