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Copier-Coller
Une comédie douce amère sur l’amour et l’ambition.
Elodie Clerc rêvait d’être chanteuse.
Elle a quitté sa Touraine natale pour les strass de Paris.
Elle y est partie l’espoir au fond des yeux, la valise à la main et le cœur lourd.  Pour suivre sa voie, elle a laissé derrière elle son amour de jeunesse.
Nous la rencontrons, aujourd’hui, de retour prés de la ville de son enfance, pour un soir, pour un seul spectacle.
Petite touche par petite touche se peint le portrait d’une has been, ancienne star adulée désormais condamnée aux tournées minables de proCopier-Collervince et aux foires aux fromages.
Difficile de vivre avec les regrets, sans guère d’espoir, sans beaucoup d’argent et en devant sans cesse mentir pour paraître.
Elodie Clerc est devenue très forte à ce jeu là. L’hypocrisie et les inventions, les cachotteries sont presque une seconde nature, un bouclier protecteur pour (se) cacher sa décrépitude.
En retrouvant pour quelques heures ses racines, ses souvenirs, d’anciens amis et connaissances de l’époque, aura-t-elle droit à une seconde chance ?

Jean-Marie Chevret signe ici une pièce moins cocasse que Le Squat ou Les amazones.  Plus profonde, Copier-Coller  joue naturellement sur la corde du rire, mais surtout sur celle de l’émotion.
Derrière l’ironique portrait d’une star et de ses extravagances caractérielles se cache un délicat questionnement sur les rapports entre l’amour et le métier.
Pour le rire et pour nous dresser le portrait de la chanteuse défraîchie, ils vont être plusieurs à défiler dans cette loge miteuse.
Le journaliste de service, venu là juste parce qu’il faut bien écrire dix lignes sur l’évènement, hypocrite et odieux (interprété par un David Vertessen qui semblait trop appuyer son jeu).
Le pompier (le pétillant Ludovic Semal), un grand gamin naïf, pour ne pas dire simplet, dont la lenteur d’esprit et la bonhomie joviale régalent.
La vieille copine d’école, bavarde, jacasseuse, envahissante et bonne vivante signera une (trop) brève apparition de Catherine Cordier.
L’imprésario, ex-compagnon et désormais bisexuel, nerveux, stressé, colérique et adorable à la fois,  se dévoilera sous les traits d’un Salvatore Vullo surprenant et plaisant.
L’habilleuse, tout à la fois confidente, protectrice, fan de la première heure et lucide, qui se permet, avec la familiarité de l’âge, d’avoir son franc- parler est jouée par une superbe Marie-Françoise Favay, qui mérite d’être plus souvent sur les planches.
Si les cinq premiers comédiens représentent clairement le volet humour, les deux derniers sont eux Copier-Collerbeaucoup plus sobres et se doivent de jouer avec beaucoup de retenue pour titiller la fibre émotive des spectateurs.
Le policier et ex-amoureux de la star déchue, engoncé dans son rôle strict de garde du corps, qui essaie de cacher ses propres failles, l’oreille aux aguets pour essayer de comprendre ce qu’est devenue son amie de jadis est Jacques Delmeire.  L’acteur endosse ce rôle une petite raideur qui freine un peu le côté naturel et simple de son personnage.
Rôle phare, la star déchue, un personnage ardu qui va passer par tous les stades et se devra de jouer sur toute la gamme des sentiments, de la rage à la tristesse, du mensonge à la vérité, du naturel au cabotinage, du chagrin à l’amour se révèlera sous les traits lumineux de Valérie D’Hane  L’actrice relève le gant avec brio et nous offre une très fine et subtile interprétation de cette femme complexe et torturée.

Sorte de théâtre dans le théâtre, Copier-Coller nous plonge dans les coulisses de la vie.
Elodie Clerc reçoit de la vie une deuxième chance.
Ne ratez pas la vôtre, aller apprécier cette pièce attachante, amusante et pleine de fraîcheur (même si décidément son titre est bien barbare et peu évocateur).

Spectacle vu le 30-09-2007
Lieu : Petit Théâtre de la Ruelle

Une critique signée Muriel Hublet

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