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Greek
Une audacieuse revisite du mythe d’Œdipe
L’anglais Steven Berkoff en garde l’essence pour plonger le public dans le glauque d’un Londres crasseux, corrompu et bestial.
Sur la scène de l’Atelier 210, le décor devient salle de bain, lieu où l’on étale pour n temps saletés et déchets avant la tornade d’eau purificatrice. Derrière cette première symbolique, les costumes (signés tout comme la scénographie par Nathalie Maufroy) tout à la fois miteux et baroques ne sont pas en reste pour créer une ambiance étrange, pesante et surprenante.

Si les premières minutes, un long monologue d’Eddy (François Demoulin) agace un tantinet, très vite on est conquis par la truculence d’un propos riche, imagé et poétique. L’entrée en jeu de ses parents (Bruce Ellison et Tara Casey) va définitivement donner le ton. Décadence et vieilles dentelles, métaphores et invectives, gore et poésie deviennent les fils d’or parfaits pour tisser la trame d’une toile subtilement complexe, équivoque en diable et burlesquement cruelle dans sa satire sociale.

La mise en scène de Guillaume Dumont renforce judicieusement les dualités d’un texte bourré d’humour noir, qui mélange adroitement la beauté et la perversité des sentiments. Que ce soit l’elfe ambigu de Caroline Leboutte ou le sphinx sibyllin de Marie-Sophie Talbot, pendant près d’une heure et demie, les comédiens vont jouer l’ambivalence, le mystère, le grunge, le lyrisme pour faire naviguer le public entre les miasmes du quotidien, les effluves langoureux de l’amour et le piquant des propos.

Perversité et décadence frisent avec grandeur et déliquescence dans une réécriture intelligente, volontairement excessive, terriblement prenante, réaliste et baroque du mythe oedipien.

Spectacle vu le 20-05-2009
Lieu : Atelier 210

Une critique signée Muriel Hublet

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