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Le Baiser de la Veuve
Le baiser de la veuve Copains d’enfance, Bobby Bailey dit " le bélier " et George Ferguson dit " la crevette s’affrontent.
Entre eux, un contentieux vieux de 17 ans … un viol collectif.
La victime, Betty, est de retour en ville. La confrontation semble inévitable.  Betty a grandi, s’est cultivée.  Les deux garçons sont restés très primaires, des complexés, des culs-terreux comme ils se qualifient eux-mêmes.
La parole suffira-t-elle à désamorcer le drame ?

Ecrite fin des années septante par Israël Horowitz, la pièce garde sa douloureuse et brutale actualité intacte.
Dans un huis clos oppressant, l’auteur excelle à distiller les informations, à interroger les cœurs, à choquer, à heurter par un récit volontairement violent. 
Si les premières minutes peuvent paraître ironiques ou comiques, très vite la machine s’emballe pour nous plonger en plein drame social.

La scénographie et l’Arrière-Scène se prêtent très bien à cette reconstitution.  Les murs de briques, la lumière crue, les ballots de journaux empilés un peu partout, les bouteilles de bière éparpillées, la presse à papier, tout concourt à cette impression d’être dans un atelier miteux avec deux tâcherons abrutis, enfermés dans leur médiocrité, leurs propos simplistes et leurs blagues sexistes.
Sans un geste ou un regard de trop, sans un réalisme des plus crus, sans artifices, tout sonne atrocement vrai, odieusement crédible. 
La mise en scène, terriblement efficace, de Marcel Gonzalez rend à merveille cette tension larvée, cette fureur intense qui suinte par tous les pores des deux hommes.
Le baiser de la veuve Il s’est entouré d’une brochette de comédiens qui se donnent à fond, n’hésitent pas devant chute, larmes ou coups dans ce déchaînement inévitable de sauvagerie.
Denis Carpentier, le Bélier, Bertrand d’Ansembourg, la Crevette, Flore Vanhulst, Betty Tite Souris, sont stupéfiants de hargne, de souffrance et criants de vérité.

Entre le texte diablement bien ficelé qui détricote les relations entre bourreau et victime, évoque le poids du remords, la chape douloureuse du silence, la culpabilité inconsciente des victimes et la  prestation époustouflante des trois acteurs, on ressort, nous aussi un peu KO d’avoir pris quelques coups (salutaires ?) au moral. 

Les journaux nous abreuvent quasi au quotidien hélas, de violence urbaine et des débordements de la jeunesse. Déjà jouée par la même troupe en 2005, cette reprise de Le baiser de la veuve est donc l’occasion de se plonger dans un univers que trop d’adultes ont occulté et d’essayer d’entr’apercevoir certains des drames de l’adolescence.

Spectacle vu le 13-09-2007
Lieu : Arrière-Scène

Une critique signée Muriel Hublet

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