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Le Masque du dragon
Cris de femmes, Ode à la réconciliation ?
Le Masque du dragonUne scène vide, prête à accueillir des comédiennes.
Sorte de Laurel et Hardy, Awa Sene Sarr et  Babetida Sadjo vont surgir avec armes et bagages.
Une valise pour une, un grand sac pour l’autre et pour chacune la haine et la rancœur pour épée.
Pourtant, toutes deux ont beaucoup de points communs.
Étrangères dans notre pays de pluies perpétuelles, elles ont fui les combats pour se réfugier ici, où tout leur paraît insolite, étrange ou déroutant.
Elles ne comprennent pas forcément notre langue et encore moins nos mœurs.
Conteuses célèbres chez elles, elles ont vu notre théâtre et n’en perçoivent guère les subtilités.
Mais, ce qui les rapproche le plus c’est la guerre qui déchire leurs ethnies, fauchant les vies, massacrant l’enfance, pillant et ne laissant que ruines sanglantes derrière elle.

Dans leur voyage dans notre Absurdie, elles devront composer, devenir le temps d’un spectacle l’exemple de l’unité et la paix retrouvées.
Elles vont devoir mettre de côté leur haine forgée par le climat belliciste, mais aussi leurs rancoeurs façonnées et renforcées par leurs éducations respectives.
Elles ne sont pas des inconnues pourtant, elles se sont fréquemment affrontées lors de concours de contes.
Acculées par la nécessité, elles devront oublier leurs antagonismes pour laisser parler leurs cœurs de femmes, mêler leurs visions opposées d’un même récit.
L’une le présentant avec un certain réalisme, la seconde avec une touche de fantasmagorie.
Le Masque du dragon
C’est à cette répétition violente, exacerbée que Philippe Blasband nous convie.
L’auteur belge nous offre, à nouveau, une histoire au ton très juste, un interpellant plaidoyer contre la guerre et ses ravages.
Intelligemment, dans le dilemme, tout à la fois fort, puissant et ironique, il distille l’humour pour mieux faire passer son propos philosophique et pacifiste.
Hélène Theunissen signe une mise en scène soignée mais épurée en apparence, qui laisse la part belle aux coutumes africaines en nous présentant costumes, rites et danses avec pour fil rouge le conte Le Masque du Dragon.
Émotions, rires, espoirs, rages, découragements se marient à la chaleur généreuse d’une Afrique exsangue de ses multiples guerres et de ses milliers de victimes.
Awa Sene Sarr et Babetida Sadjo sont de véritables flammes vibrantes qui brûlent, s’échauffent, se dressent ou se courbent au gré d’un vent poétique, violent ou réconciliateur.

Un spectacle au propos actuel, abordé avec pudeur et lucidité, qui distille un message profond derrière un paravent attractif et distrayant.

Spectacle vu le 05-11-2008
Lieu : Théâtre des Martyrs - Atelier

Une critique signée Muriel Hublet

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