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Darwin
Et si Dieu avait créé … ?
DarwinOui, mais existe-t-il encore après la théorie de Darwin ?
Venons-nous du singe ou d’une côte d’Adam ?
Qui croire ?  Que croire ?  Comment encore croire ?
Où se cachent désormais la foi, la religion et les convictions ?
L’homme n’est-il pas plus qu’une puce vaguement intelligente au sein de notre univers ?

Que de questions …
Darwin en pose beaucoup plus, de manière évidente ou sous-entendue.
Thierry Debroux, son auteur, part de cet évènement que beaucoup auraient tort de considérer comme mineur, le refus de certaines écoles américaines de laisser leurs enseignants présenter le darwinisme comme seule explication à la naissance de notre univers.
Cela en paraît risible, mais quand on sait qu’il a fallu des procès et de multiples manifestations pour recentrer ce débat entre science et religion, à l’aube du XXIe siècle, il y a de quoi être effaré. (Notons que ce débat risque de se dérouler très prochainement devant notre porte entre les programmes d’enseignement officiel et certaines théories prônées par certains types d’éducation voilés dans leur point de vue religieux).

Loin d’être purement philosophique, l’auteur belge nous propose une comédie légèrement dramatique qui évolue sur deux plans parallèles.
Deux hommes sont plongés dans le coma.
Pendant cette période, leur conscience s’ouvre à l’extérieur et leur permet de prendre conscience du Monde, de leur petit monde.
Nous assisterons aux discussions de ces deux vieillards qui entre sagesse, bon sens et théories scientifiques vont refaire le monde ou tenter de …
Darwin
A leurs pieds, s’agite la vie et surtout les filles de l’un d’eux.
Aux prises avec des difficultés morales et existentielles, elles vont tenter de résister, de surmonter le tout et de continuer à être elles-mêmes.

Humour, dérision, propos savants (pas toujours évidents), esprits bornés, rigueur fondamentaliste, rôle du père, besoin d’amour, besoin de reconnaissance, solitude, incompréhension, jalousie, …
Tout cela et bien plus se marie avec brio dans un texte brillant, fin et intelligent qui séduit sans lasser, qui interpelle sans heureusement trop tomber dans la prise de tête scientifique.

Bien d’actualité donc, cette pièce de Thierry Debroux doit beaucoup à la scénographie habilement désincarnée, mais toujours présente de Jean-Marie Fiévez mais surtout à l’interprétation de ces deux comédiens phare.
Pierre Laroche en n°413, savant, raisonneur, qui rêve d’immatériel, mais doté d’une présence folle et d’un vrai don pour jouer l’aphasique.
A ses côtés, Marcel Delval, bougon réaliste séduit par son pragmatisme comique.  Il signe une mise en scène toute en finesse qui laisse toute la place aux mots et à leur libre expression.

Face à un tel petit bijou de rhétorique et de drôlerie, reste une question existentielle ….
Et si Thierry Debroux n’existait pas …
Qui le créerait ?

Spectacle vu le 05-05-2008
Lieu : Rideau de Bruxelles

Une critique signée Muriel Hublet

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