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Convives
La grande salle du Varia a été transformée en amphithéâtre (hémicycle en bois et coussin).
A l’entrée, une table avec café, thé, biscuits, fruits, eau, accueille le public, Convives à ce banquet particulier.
Comme pour tout festin qui se respecte, celui-ci sera copieux et varié.
Un buffet classique au choix vaste et délicat.
A votre gauche, caviar et crustacés Convivesen mets rares et précieux, au milieu l’inévitable jambon à l’os et le saumon, à droite les pâtes froides à la mayonnaise (desséchées comme il se doit) et l’amère salade de chicons.

En serveurs bavards et pas trop stylés (jeans, tee-shirt et sandalettes), Bernard Breuse, Miguel Decleire, Stéphane Olivier vont quitter la table de service pour se glisser sous un abat-jour géant et papoter entre hommes (si si les hommes papotent).
En termes savants, crus, osés, en métaphores ou quasi en vers, les trois acteurs vont avoir l’audace de tenter de refaire le monde … en paroles.
De cesser d’enterrer ou de brûler nos morts pour en faire du pâté, du prix des corps selon l’âge, de la législation à mettre en vigueur pour cela, ils vont s’étendre sur les mœurs sexuelles des canards et des bonobos, ils vont enchaîner sur l’art de déguster une fève pulpeuse et vaginale au sexe étoilé d’une pomme, des (petites) lèvres d’une femme qu’on suce, lèche, broute et mordille pour continuer avec l’écologie, l’évolution humaine (une histoire de sexe dressé et de cerises à attraper), la ploutocratie qui devient très scatologique dans son élimination.
La pédophilie, la copulation, la mort, la vie, l’homme, la femme, la nConvivesature, tout y passe, sans pruderie, sans tabous, avec des comparaisons ironiques, mais surtout avec beaucoup d’impertinence.
Le langage riche, imagé d’Eugène Savitzskaya se joue des conventions, déglingue notre société à grand renfort de d’humour et de dérision.

Un banquet savoureux, on s’en lécherait les doigts devant l’effronterie délicieuse de certains propos, devant le sans-gêne (un spectacle à ne pas mettre entre toutes les oreilles) de quelques autres.
Mais comme souvent hélas dans ces grandes agapes (ici uniquement philosophiques) on risque d’être trop vite repu ou de friser l’indigestion.
Certaines phrases arrivent ainsi avec la lourdeur d’une soupe aux choux juste après la délicate finesse d’une demi-douzaine d’huîtres (avec en bonus une perle cachée dans l’une d’elles).
Le rafraîchissant sorbet au marc de champagne se trouve gâché par la proximité d’une écoeurante mousse au chocolat.

Etre Convives d’un repas à mi-chemin entre ripaille satirique et orgie philosophique c’est un régal pour les petites cellules grises et l’humour, même si comme toujours, y a bien un ou l’autre plat qui ne sera pas tout à fait de votre goût.
Mais et comme nous a toujours appris Maman : On mange de tout et on ne chipote pas !

Spectacle vu le 13-11-2007
Lieu : Théâtre Varia - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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