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Toréadors
Le Corbeau et le Renard, sauce moambe
Jean-Marie Piemme
a signé avec Toréadors un texte qui reste, 10 ans après, brûlant d’actualité.
Il revisite la fable Le Corbeau et Le renard et remplace avantageusement, pour notre plaisir et son goût de la satire, le fromage par des considérations sur le monde politique et du travail.
Momo travailleur immigré gère un pressing, il recueille un SDF, l’héberge et le nourrit moyennant … une petite aide dans les travaux de la boutique.
Les deux compères ont vite fait de refaire le Toréadorsmonde, en paroles.
L’un est plutôt naïf, l’autre très roublard, chacun a des vues bien arrêtées sur la situation du pays, sur le rôle des uns et des autres et plus particulièrement des pouvoirs en place.

A l’occasion de Yambi, le théâtre Varia accueille la version kinoise du spectacle.  Déjà monté il y a quelques années à l’occasion du Festival au carré à Mons, c’est avec un plaisir certain que l’on retrouve cette adaptation riante et rieuse du texte au contexte africain.
Car finalement, si les accents changent, si la couleur de peau se fonce un peu, pour le reste, quelle est la différence entre leurs dirigeants et les nôtres, leur condition d’exploités et la nôtre ?
On rit tout autant.
Même un peu plus, tant la truculence des acteurs, leur générosité dans les gestes et les danses, la musique ajoutée, la présence d’un griot (Jean Goubald Kalala, conteur et chanteur de là-bas qui accompagne et souligne l’action) donne à cette fable la saveur chaude et sucrée des tropiques, transforme nos frimas et notre pluie nationale en rayon de soleil et effluves de moambe et de banane plantain.

Merci donc à Momo (Jean-Marie Ngaki) et à Ferdinand (Jean Chaka) pour ces petits morceaux de vie, cousus à grands points  les uns aux autres (grâce à l’aiguille acérée du metteur en scène Nzey Van Musala), usés et patinés à force d’être relavés et  rapiécés.
Ils s’affrontent dans une joute oratoire ironique, un duel jubilatoire pour une cuisse de poulet ou pour un peu de considération.
Ils vont la grande lessive politique dans leur petite wasserette et Dieu sait, si les rires ne s’envolent pas eux aussi avec la légèreté des bulles de savon.

A voir ou à revoir juste pour le plaisir et l’éternelle pertinence.

Spectacle vu le 10-11-2007
Lieu : Théâtre Varia Petite Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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